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Affaire BDC-UPR: Gervais Oniane a-t-il réellement dit la vérité ?

Par Stive Roméo Makanga

Le masque est tombé. À force de jouer avec les mots et les institutions, Gervais Oniane, Haut Représentant Personnel du président de la République, s’est enlisé dans une imposture politique qui frôle le scandale d’État.

Accusé par le Bloc Démocratique Chrétien (BDC) de manipulations grossières, Gervais Oniane s’est défendu dans une vidéo Facebook publiée ce jour en agitant un récépissé N°671/MI/SG/CJ, daté du 23 novembre 2021. Mais l’homme évite soigneusement de préciser s’il s’agit d’un « récépissé définitif » ou d’un simple « récépissé de dépôt » de dossier. La vérité est sans appel : ce document n’a aucune valeur juridique équivalente au « récépissé définitif » N°0023/MI/CAB-ME du 3 janvier 2023 détenu par Paulin Otogho, véritable fondateur et propriétaire légal de l’UPR.

Tout le reste n’est que poudre aux yeux. Paulin Otogho a introduit son dossier et est bien compté parmi les leaders des partis politiques légalement reconnus au Gabon. Par ailleurs, il convient aussi de préciser que les deux hommes se sont affrontés devant les tribunaux, puis un accord bancal de cession du parti aurait été conclu contre le versement d’une certaine somme. Mais selon toutes révélations, Gervais Oniane n’aurait jamais réglé l’intégralité de la transaction. Voilà la vérité : l’UPR qu’il agite à longueur de discours est un parti qu’il n’a ni fondé, ni acheté complètement. En clair, il s’est arrogé une légitimité qu’il n’a jamais eue.

Dès lors, comment peut-il introduire une requête en annulation de candidatures, au motif qu’une ancienne militante n’aurait pas démissionné d’un parti… qui n’existait même pas légalement à l’époque ? C’est un non-sens juridique.

Pour sûr, cette affaire est plus qu’un simple règlement de comptes partisan : elle révèle le vrai visage d’un système où certains, parce qu’ils gravitent autour du pouvoir, s’autorisent toutes les dérives. Gervais Oniane, collaborateur direct de Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris part à des événements nationaux sous la bannière d’un parti illégal, et aujourd’hui il prétend peser sur le processus électoral avec des arguments en carton.

Le Ministère de l’intérieur laissera-t-il passer une telle incongruité ? Car en laissant prospérer de telles manœuvres, c’est la crédibilité même de la Ve République qui s’effrite. Le peuple gabonais mérite mieux qu’une démocratie de pacotille manipulée à souhait.

Il est temps de choisir : soit la Transition incarne réellement l’espoir d’un renouveau démocratique, soit elle sombre dans la compromission et la duplicité. Dans cette affaire, l’histoire retiendra moins les gesticulations de Gervais Oniane que le silence (ou la fermeté) du Ministère de l’intérieur. Wait and see.

 

 

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