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Affaire d’exploitation forestière illégale : un membre de la Délégation Spéciale impliqué dans une vaste fraude au lac Oguemoué

Par Kongossanews

Par la Rédaction

Ce vendredi 23 août, notre rédaction a reçu une information de première importance concernant une affaire d’exploitation forestière illégale dans le département de l’Ogooué et Lacs. Au cœur de ce scandale, Sieur N.A, un membre de la Délégation Spéciale en charge du Conseil Départemental de l’Ogooué et Lacs, a été épinglé pour son implication dans des activités illicites aux abords du lac Oguemoué. La mission conjointe, menée par l’administration des Eaux et Forêts, la Police judiciaire de Lambaréné, avec l’appui de l’ONG Conservation Justice, a mis en exergue des infractions graves dans les zones de Mpoundou et Bingovion.

Les investigations, qui se sont déroulées entre juin et juillet, ont révélé que Sieur N.A se livrait à des pratiques illégales d’exploitation forestière, en violation flagrante du Code forestier gabonais. En effet, il est accusé d’avoir exploité du bois sans titre, procédé à des coupes et enlèvements d’essence sans autorisation, et recouru à des manœuvres frauduleuses pour masquer son implication. Pour contourner la législation, il a utilisé des membres de sa famille, dont sa fille et son fils, comme prête-noms pour obtenir des autorisations administratives. Cette stratégie astucieuse, bien que contraire aux lois en vigueur, a permis à Sieur N.A de poursuivre son exploitation, dépassant largement les quotas légaux et transformant une activité artisanale en une exploitation industrielle à grande échelle.

Les preuves recueillies lors de la mission conjointe sont accablantes. Sur les deux sites contrôlés, les enquêteurs ont découvert une barge, deux machines Caterpillar 528, une scie mobile de type Lucas Mill, ainsi que des fûts de bois, des planches et des chevrons. Ces éléments démontrent clairement l’enracinement d’une exploitation industrielle. De plus, l’équipe a constaté un volume cumulé de 268,444 m³ de bois sciés, un chiffre qui dépasse de loin les limites autorisées par la réglementation.

Il convient de noter que cette exploitation illégale n’aurait pas été possible sans la complicité des proches de Sieur N.A. Par exemple, son fils, Sieur W.N.M.T.D, a obtenu une autorisation de coupe de bois pour le sciage de long dans la zone d’usagère du village Aschouka, autorisation qu’il a par la suite cédée à son père. De même, sa fille, Dame M.M.N.L, aurait poursuivi l’exploitation d’un site sans autorisation, sous la direction de son père. Cette situation a considérablement freiné les demandes de forêt communautaire formulées par les communautés locales, qui se trouvent aujourd’hui dépossédées de leurs droits.

Cette affaire a été révélée grâce à la vigilance des communautés locales, regroupées au sein de l’Association des Communautés du Lac Oguemoué (ACLO). L’association, soutenue par l’ONG Conservation Justice, a dénoncé ces pratiques illicites, conduisant à l’ouverture d’une enquête judiciaire. Désormais, les yeux sont rivés sur le tribunal de Lambaréné, où les communautés locales attendent une décision forte, capable de rétablir la justice et d’assurer une gestion durable des ressources naturelles.

Le Président de l’ACLO, Sieur Patrick Bengone, a souligné l’importance d’une exploitation responsable des ressources naturelles du lac, non seulement pour le bien-être des communautés locales, mais aussi pour les générations futures. Quant au Directeur Exécutif de Conservation Justice, Sieur Luc Mathot, il a salué l’organisation exemplaire des communautés locales autour du lac Oguemoué, qui se battent pour préserver leur environnement et leurs ressources.

Cette affaire illustre, une fois de plus, la nécessité d’une surveillance accrue et d’une coopération renforcée entre l’administration publique et les associations locales dans les zones d’exploitation forestière. Bien que l’implication des Gabonais dans le secteur forestier soit encouragée par les autorités de la Transition, elle ne doit en aucun cas se faire au détriment des droits des communautés locales ou en violation des lois en vigueur. Désormais, la justice a pour responsabilité de trancher cette affaire, qui pourrait bien servir d’exemple pour l’avenir de la gestion des ressources naturelles au Gabon.

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