Cet aveu d’Ali Bongo Ondimba à l’incontournable Jeune Afrique, le 10 mai courant et dans le cadre d’une interview, vient absolument rebattre les cartes.
Il convient de rappeler que du procès du vendredi 24 mai, l’on retient principalement que les éléments présentés tout au long de l’audience ont clairement démontré que Brice Laccruche Alihanga n’avait fait qu’obéir aux instructions de son ancien patron, le dictateur Ali Bongo Ondimba, déchu par le coup d’Etat militaire du 30 août 2023.
Pourtant, ce dernier n’a pas été inquiété par la justice, son immunité présidentielle ayant été invoquée pour justifier son absence à la barre. Cependant, la comparution de l’ancien maître du Palais Rénovation aurait permis de lever bien des équivoques. Brice Lacruche Alihanga agissait-il de son propre chef ou en parfait accord avec la volonté d’un mandant, et dans le cas d’espèce, son ancien patron ?
La réponse à cette question est désormais connue de tous, à la lecture de l’interview d’Ali Bongo Ondimba dans le magazine panafricain, Jeune Afrique. « Aucune décision n’a été prise sans mon aval, ni aucune nomination d’ailleurs ». Ce qui suppose qu’en tant que Directeur de Cabinet, Brice Lacruche Alihanga agissait bien sous les ordres du président de la République. Les aveux d’Ali Bongo Ondimba par voix de presse, combinés à l’absence de preuves formelles contre son ancien collaborateur, devraient interpeller la justice gabonaise.
En effet, un nouveau procès devrait s’ouvrir et la justice reconsidérer sa décision. Avec cet élément factuel, les aveux d’Ali Bongo Ondimba, Brice Lacruche Alihanga devrait être acquitté.
Il ressort donc très clairement que BLA n’a jamais été impliqué dans quelque affaire que ce soit. En outre, il convient de déplorer avec encore plus de vigueur aujourd’hui le refus de la Cour criminelle spécialisée de convoquer l’ancien président de la République à comparaître, malgré la requête en ce sens formulée par la défense de BLA.
Une telle convocation aurait au moins permis d’établir clairement les responsabilités de chacun et, surtout, d’innocenter l’ancien directeur de Cabinet de toute accusation de malversation. Ceci est d’autant plus crucial que, il est à souligner, aucun élément probant n’a été présenté pour étayer la décision rendue le 25 mai dernier.
C’est pourquoi il est inadmissible de considérer que la simple restitution de la liberté à sieur Alihanga puisse compenser une décision de justice aussi paradoxale qu’injuste. Le respect du droit à la dignité, le plus sacré de tous, aurait dû être assuré. Du reste, présenté sous cet aspect, cette décision de justice tend plutôt à stigmatiser Brice Lacruche Alihanga comme un criminel, rôle que l’on tente manifestement de lui faire endosser.