Le dialogue national inclusif est-il vraiment plus démocratique ?
Manque de confiance dans le paysage politique gabonais, désintérêt et méfiance vis-à-vis des hommes et ,bien sûr plusieurs crises demeurent les conséquences d’un 《 État peu démocratique à celui de l’Etat militaire》. Le Gabon, comme de nombreux autres pays où il y a eu coups d’Etat militaires (Niger, Mali, Burkina-Faso, etc.) Transverse une transition qui devient de plus en plus critique. Une proposition revient alors à intervaller régulièrement, particulièrement depuis la prise du pouvoir par les militaires le 30 août 2023 : utiliser le dialogue national inclusif, sous une forme ou une autre, comme la conférence nationale de 1990, les accords de Paris de 1994, les Accords d’Arambo de 2006 , le dialogue national d’angondjé de 2017 et aujourd’hui le dialogue national inclusif de 2024. Alors, remède miracle pour placer le peuple gabonais au centre de la démocratie ou vraie-fausse solution. Utiliser plusieurs fois en 34 ans,le dialogue renvoie à une procédure permettant de consulter toute les forces vives d’une nation sur des questions précises afin d’aboutir à la conclusion des conclusions définitives,mais qui n’ont pas force exécutoires.《le dialogue en lui-même ne veut pas dire grand chose 》, commente Raoul Magni Berton, professeur de sciences politiques à l’université catholique de Lille.
Pour savoir si ce dialogue national inclusif est plus démocratique, il faut se demander si le peuple est représenté suffisamment. Est-ce le cas ? Le dialogue national inclusif comme dans d’autres pays, est un mécanisme qui peut être utilisé comme dans de bonnes et mauvaises conditions, à bon ou à mauvais escient : il peut permettre aux citoyens, société civile, politiciens,confessions religieuses de s’exprimer tout en préservant leur liberté de choix jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel, tout comme il est abondamment utilisé dans le but d’obtenir un soutien populaire pour faire adopter des mesures liberticides qui fragiliseront à fortiori le processus démocratique et l’Etat de droit. Les consultations populaires depuis 1990, elles ont plongé notre pays dans un chaos des dépenses publiques qui, auraient dû être utiliser dans la construction des établissements, structures sanitaires, routes, etc. Bref, ces rendez-vous populaires ont été un échec démocratique et une justification de la dépense publique. Le mécanisme du dialogue national inclusif en lui-même ne doit pour autant être condamné, c’est son éventuelle manipulation qui est condamnable.
Dans le contexte gabonais, le dialogue national inclusif est l’instrument le plus démocratique mais le mécanisme et le choix des participants remettent en cause la volonté des militaires d’amener ce pays à un réel changement institutionnel.
JOVANNY MOUBAGNA, citoyen engagé, étudiant publiciste en master recherche à l’Université Omar Bongo (UOB).