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Coopération militaire Gabon-France : le Tonnerre au service de la souveraineté maritime

Par Stive Roméo Makanga

En escale au Gabon dans le cadre de sa mission dans le golfe de Guinée, le porte-hélicoptère amphibie Tonnerre de la marine française a récemment mené, avec les forces armées gabonaises, une série d’exercices conjoints destinés à renforcer la sécurité maritime et la protection du territoire national. Cette opération, à la fois technique et stratégique, s’inscrit dans le cadre plus large de la coopération militaire franco-gabonaise, l’une des plus anciennes et des plus structurées d’Afrique centrale.

Ces manœuvres, conduites au large de Libreville, avaient pour objectif principal de former les militaires gabonais à la lutte contre la piraterie, les trafics illicites et la pêche illégale, autant de menaces persistantes qui fragilisent la stabilité régionale et hypothèquent la souveraineté économique du pays. Sous la direction du 1er maître Raphaël, les marins français ont présenté un ensemble d’équipements de dernière génération destinés à moderniser la surveillance des côtes et du territoire gabonais. Parmi eux, un drone de reconnaissance doté de caméras diurnes, nocturnes et thermiques, capable de couvrir l’immense superficie forestière du Gabon, représentant près de 85 % du territoire national.

À ces technologies aériennes s’ajoutent des embarcations légères conçues pour la surveillance des côtes et des mangroves, zones particulièrement exposées aux trafics de carburant, de bois ou d’animaux sauvages. Des véhicules tout-terrain et des armes non létales ont également été présentés, afin de permettre aux unités gabonaises de neutraliser efficacement les braconniers et les orpailleurs violents qui sévissent dans l’intérieur du pays. Point d’orgue de l’exposition : l’hélicoptère NH90, piloté par le capitaine Nicolas, capable de détecter jusqu’à 300 milles nautiques — soit environ 555 kilomètres — toute activité suspecte en mer. Cet appareil, doté d’un radar météorologique avancé, permet d’intervenir rapidement en cas d’acte de piraterie ou d’infraction maritime.

Face à cette démonstration de puissance technologique, les autorités gabonaises n’ont pas caché leur intérêt. Selon plusieurs sources, Libreville aurait entamé des négociations en vue de l’acquisition d’un hélicoptère de ce type, afin de renforcer la flotte nationale et de consolider ses capacités opérationnelles. Une démarche qui illustre la volonté du gouvernement de doter l’armée gabonaise d’équipements performants, condition indispensable à une souveraineté défensive pleinement assumée.

Pour le capitaine de vaisseau Charles Hubert Bekale Meyong, commandant de la marine gabonaise, cette coopération est essentielle. Il souligne que « nos frères des marines étrangères participent à la sécurisation de notre espace maritime, notamment celui du golfe de Guinée et de nos eaux territoriales ». Si les menaces — attaques à main armée, piraterie, immigration clandestine, trafics de tout ordre — demeurent réelles, elles tendent néanmoins à diminuer grâce à la mutualisation des compétences et des moyens.

Il convient toutefois de rappeler que cette coopération, aussi fructueuse soit-elle, doit s’inscrire dans une perspective d’autonomisation progressive. Car si l’appui technique de la France renforce indéniablement les capacités nationales, la consolidation de la sécurité maritime du Gabon passe avant tout par le renforcement de sa propre marine, la modernisation de ses infrastructures portuaires et la formation continue de ses personnels.

L’escale du Tonnerre au Gabon ne se résume donc pas à une simple démonstration de force. Elle marque la reconnaissance d’une réalité : la défense des ressources naturelles et la sécurisation du territoire ne peuvent plus être dissociées de la maîtrise des technologies de pointe et d’une coopération internationale maîtrisée.

À l’heure où les océans deviennent le nouveau front de la compétition géopolitique mondiale, le Gabon, par cet exercice, affirme sa détermination à protéger son patrimoine maritime. Et si la France, fidèle à son rôle historique, y trouve une occasion de réaffirmer sa présence dans le golfe de Guinée, l’essentiel demeure ailleurs : dans la volonté partagée de faire de la mer non plus un espace de menaces, mais un horizon de stabilité, de souveraineté et de prospérité partagée.

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