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Crise à l’Union pour la République : Ferdinand Assoumou appelle l’État à trancher le conflit de légitimité au sein de l’UPR engendré par Gervais Oniane

Par Stive Roméo Makanga

Rien ne va plus au sein de l’Union pour la République (UPR). Le parti, déjà fragilisé par des dissensions internes depuis plusieurs mois, par la faute de Gervais Oniane (explique-t-on), semble désormais engagé dans une véritable guerre de leadership. En témoigne la démarche entreprise le 24 octobre 2025 par Ferdinand Assoumou, l’un des cadres de la formation politique, qui a adressé deux correspondances distinctes au ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Hermann Immongault, ainsi qu’au président du Conseil national de la Démocratie (CND).

Dans ces courriers dont notre Rédaction a obtenu copie, ce dernier sollicite l’attention des autorités sur une série de décisions prises lors d’une réunion de crise tenue à Libreville le 18 octobre dernier, et qui marquent un tournant majeur dans la gouvernance du parti.

Selon le contenu du document, les cadres dirigeants de l’UPR ont adopté à l’unanimité plusieurs résolutions visant à “préserver l’intégrité, l’unité et la légalité” du parti.

La première décision, sans doute la plus symbolique, consacre la désignation de Roxane Gersande Ntsame Nguema au poste de présidente par intérim de l’Union pour la République. Une nomination justifiée, selon le courrier, par la nécessité d’assurer la continuité de la direction et de procéder à “l’assainissement” du fonctionnement interne de la formation.

Cette nomination apparaît comme une tentative de reconquête de légitimité, alors que l’UPR traverse une crise institutionnelle sans précédent, alimentée par des rivalités d’appareils et des accusations de dérives autoritaires.

Lourdes sanctions contre Gervais Oniane et Paulin Otogho

Le ton du courrier se veut également ferme à l’égard de deux figures de premier plan : Gervais Oniane et Paulin Otogho.

Le premier se voit interdire formellement l’usage du nom, du symbole et du titre de l’UPR, pour “usurpation et confusion auprès de l’opinion et des autorités”.

Le second est exclu définitivement du parti pour “haute trahison, abus et collusion”, des accusations d’une gravité extrême dans la culture politique gabonaise.

Ces décisions, d’application immédiate, traduisent la volonté affichée par Ferdinand Assoumou et ses alliés de reprendre la main sur un appareil vendu à Gervais Oniane, Haut Représentant Personnel du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Au-delà des apparences d’un simple différend partisan, cette correspondance soulève des enjeux politiques et institutionnels majeurs. En saisissant officiellement le ministère de l’Intérieur, organe chargé du suivi des partis politiques, et le Conseil national de la Démocratie, garant de la régulation de la vie politique, Ferdinand Assoumou place désormais la crise de l’UPR sous le regard direct des institutions républicaines.

Cette démarche vise sans doute à obtenir une reconnaissance officielle de la nouvelle direction, mais elle comporte aussi un risque : celui de voir le ministère arbitrer un conflit interne sur fond d’accusations croisées et de querelles de légitimité.

En clair, l’UPR quitte la sphère de la dispute politique pour entrer dans celle du contentieux institutionnel, où la loi sur les partis politiques et la jurisprudence du CND pèseront lourdement.

L’avenir de l’Union pour la République se joue peut-être à cet instant charnière.

Si la démarche de Ferdinand Assoumou se traduit par une reconnaissance des nouvelles instances, l’UPR pourrait amorcer une restructuration salutaire.

Mais dans cette recomposition interne, un fait demeure incontestable. À en croire le nouveau directoire de l’UPR, Gervais Oniane porte une lourde responsabilité dans la débâcle actuelle de l’Union pour la République. Par ses manœuvres personnelles, ses ambitions jugées démesurées et son refus manifeste de se conformer aux textes fondateurs du parti, il aurait semé la division là où la cohésion aurait dû prévaloir. « En usurpant le nom et les symboles d’une formation politique qu’il a contribué à fragiliser, il a trahi l’idéal collectif qui avait présidé à la création de l’UPR » déclare un cadre du parti.

À l’heure où les cadres de cet appareil politique s’efforcent de restaurer l’ordre, la discipline et la légitimité institutionnelle, Gervais Oniane devrait répondre de ses actes devant l’histoire et, le cas échéant, devant les instances compétentes. Car nul, fût-il auréolé d’un titre ou d’une proximité supposée avec le pouvoir, ne saurait se placer au-dessus des lois et des valeurs républicaines. L’Union pour la République ne pourra renaître qu’en tournant définitivement la page de ces dérives qui ont fait d’un instrument d’unité, un champ de ruines politiques.

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