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Éditorial | Gabon-Bénin : au-delà des polémiques numériques, retrouver l’esprit panafricain

Par Stive Roméo Makanga 

Les réseaux sociaux ont cette capacité redoutable : amplifier les crispations, grossir les malentendus, transformer en querelles nationales de simples divergences entre individus. C’est ce qui s’est produit ces derniers jours entre internautes gabonais et béninois. Très vite, la polémique s’est propagée, alimentant des discours passionnés, parfois hostiles.

Heureusement, à Cotonou comme à Libreville, les autorités ont rappelé une évidence : la relation entre nos deux pays est ancienne, solide et fondée sur des décennies de coopération. Les appels au calme lancés par le gouvernement béninois traduisent bien une volonté de préserver ce socle, en protégeant leurs ressortissants et en évitant toute dérive.

De ce côté-ci de l’Atlantique, un rappel s’impose : le Gabon s’est toujours voulu une terre d’accueil. Le vivre-ensemble, l’hospitalité et la fraternité ne sont pas de simples formules ; ce sont des réalités vécues, transmises et défendues. Depuis le 30 août 2023, le président Brice Clotaire Oligui Nguema en a d’ailleurs fait un pilier de son projet national : renforcer la cohésion sociale, garantir le respect mutuel et assurer la sécurité de tous, qu’ils soient nationaux ou étrangers. Cette ligne de conduite s’inscrit dans une perspective plus large : celle du panafricanisme, entendu non comme une utopie, mais comme une méthode d’action, faite de coopération et de solidarité.

L’histoire aussi invite à la retenue. Les liens entre le Gabon et le Bénin ne datent pas d’hier. Depuis la fin des années 1960, nos pays cultivent une diplomatie de dialogue. Cette continuité a nourri des circulations humaines, économiques et culturelles qui font partie de notre quotidien. Rien ne saurait remettre en cause ce patrimoine commun, encore moins une querelle née derrière des claviers.

Il convient alors de retenir cinq leçons.

D’abord, la paix civile se protège par la loi et par les institutions compétentes, non par les « tribunaux » improvisés des réseaux. Ensuite, le Gabon demeure terre d’accueil pour des milliers de familles béninoises qui vivent et travaillent ici dans la sérénité. Troisièmement, l’intégration régionale n’est pas un simple mot d’ordre, mais un choix stratégique qui nous engage tous. Quatrièmement, le panafricanisme ne saurait se limiter aux discours : il exige respect, coopération et solidarité concrète. Enfin, gardons à l’esprit que chaque message posté en ligne engage l’image de nos nations et peut fragiliser des décennies de construction commune.

Au fond, il s’agit moins de réagir à chaud que de bâtir à froid. Aux créateurs de contenus, la responsabilité de vérifier et nuancer. Aux leaders d’opinion, celle de rappeler les faits et le droit. Aux communautés béninoises et gabonaises, celle de continuer à tisser des liens, comme elles l’ont toujours fait, dans le travail, l’échange et la fraternité.

À l’heure où notre pays se refonde, les principes qui nous guident sont clairs : unité, dignité, fraternité. Ils valent dans la rue, dans nos institutions et jusque dans nos interactions en ligne. En les appliquant jour après jour, nous honorerons non seulement la qualité des relations entre le Gabon et le Bénin, mais aussi l’idéal plus grand : celui d’une Afrique solidaire, qui se parle, s’entraide et grandit ensemble.

 

 

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