Éducation inclusive: Camélia Ntoutoume Leclercq reçoit un hommage africain mérité
Par Stive Roméo Makanga
Il est des distinctions qui en disent plus long que de longs rapports administratifs. Celle que vient de recevoir, ce vendredi 21 novembre 2025, Camélia Ntoutoume Leclercq, ancienne ministre d’État chargée de l’Éducation nationale, fait partie de cette catégorie rare : un prix accordé non par complaisance diplomatique ou par solidarité régionale, mais pour récompenser un véritable engagement humaniste, solidement ancré dans la réalité des salles de classe gabonaises.
Le Réseau Africain des Chercheurs et Enseignants-Chercheurs en Sciences de l’Éducation (RACESE), qui n’a pas l’habitude de distribuer des médailles au premier venu, a en effet choisi de distinguer celle qui fut, ces dernières années, la figure la plus tenace du combat pour l’éducation inclusive au Gabon. Le prix avait été attribué lors du colloque de Koudougou, au Burkina Faso (preuve que l’appréciation du travail accompli dépasse largement les frontières nationales) avant d’être officiellement remis à Libreville à la délégation conduite par le Pr Eugénie Eyang.

« Décerner ce prix à madame la ministre d’État est une forme de reconnaissance de ce qui se fait sur l’éducation inclusive au Gabon et en Afrique », a souligné la vice-présidente du RACESE, Mireille Essono Ebang. Une manière polie de rappeler que, dans un continent où l’accès à l’école est encore un combat quotidien, le Gabon tente (lui) d’y ajouter la dimension plus exigeante encore de l’inclusion.
Dans un paysage politique où l’on préfère souvent récolter les honneurs plutôt que les mériter, Camélia Ntoutoume Leclercq a accueilli cette reconnaissance avec une sobriété presque déroutante. « Je voudrais partager ce prix avec chaque parent qui se bat pour scolariser son enfant et dépasser la situation de handicap », a-t-elle déclaré, visiblement émue. Une phrase simple, mais qui dit tout : l’inclusion n’est pas un slogan ministériel, c’est un combat quotidien, mené dans l’ombre par des familles qui refusent de laisser leurs enfants au bord du chemin.
Et si le prix récompense symboliquement une personne, il consacre surtout un travail mené durant des années : visites régulières en milieu carcéral pour les mineurs, aménagement d’espaces d’examen adaptés, dispositifs pour les enfants vivant avec un handicap lourd, prise en compte des besoins des élèves atteints d’albinisme… La liste n’est pas exhaustive, mais elle atteste d’un engagement qui n’avait rien de cosmétique.
Ce plaidoyer pour une école accessible à tous n’est pas né dans un désert politique. Il s’inscrit dans une vision plus large portée par le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a fait de l’égalité des chances un axe central de son action. Encore fallait-il donner chair, méthode et cohérence à cette ambition : c’est précisément ce qu’a tenté (et parfois réussi) Camélia Ntoutoume Leclercq.
Car, pour une fois, les discours officiels et la pratique gouvernementale n’étaient pas séparés par le gouffre habituel. Il y a eu, bel et bien, une politique, des actes, des résultats : autant de petites révolutions silencieuses que le RACESE a jugé bon de saluer.
« Nous devons changer le regard de la société : ces enfants sont talentueux et brillants, ils méritent simplement un accompagnement », a insisté l’ancienne ministre d’État. Phrase d’apparence anodine, mais qui touche juste. Car l’obstacle majeur, dans l’éducation inclusive, n’est ni financier ni réglementaire : il est culturel. C’est le poids du regard, du rejet, de la méfiance. C’est la vieille habitude de considérer la différence comme une anomalie.
Ce prix n’est donc pas qu’une médaille de plus dans le paysage protocolaire africain. Il marque un tournant symbolique : celui d’un Gabon qui commence à comprendre que l’éducation ne se mesure pas au nombre d’écoles construites, mais à la capacité de la société à accueillir tous ses enfants.
Une distinction méritée, une cause loin d’être achevée, et un message clair : l’inclusion n’est pas un supplément d’âme. C’est, désormais, une exigence nationale.



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