C’était dans la province du Haut-Ogooué, le 21 avril 2018, en présence des 9 gouverneurs et 48 préfets du pays, que le président gabonais avait lancé le Fonds d’initiative départementale (FID), un fonds public dédié à la décentralisation. Comme toutes les initiatives du genre et sous le magistère d’Ali Bongo Ondimba, cette dernière a été bien loin de sauver la face aux ratés déjà très nombreux.
Présenté comme un levier au service du développement des territoires, le FID peut être Aujourd’hui compté, trois années plus tard, parmi les nombreux projets mort-nés d’Ali Bongo Ondimba.
“La décentralisation n’est pas une option, c’est une nécessité” avait alors affirmé le chef de l’État gabonais, confiant dans sa création.
Pourtant, cette décision supposait la mise en place d’un processus d’aménagement du territoire, lequel consistait précisément dans le transfert des compétences administratives de l’État vers les collectivités locales.
Dans le fond, il s’agissait également d’un outil d’aide à la décentralisation devant permettre d’améliorer la qualité de vie des populations d’une part, et de dynamiser le développement économique des 48 départements du Gabon, d’autre part.
Rendu disponible, le fonds avait l’ambitieuse perspective de financer à hauteur d’un milliard de FCFA chaque département.
Soit un total de 9 milliards pour l’ensemble des départements.
La création d’emplois et la croissance économique dans l’arrière pays avaient été allégués par les plus hautes autorités, comme principales motivations quant à la création de cette nébuleuse.
Pour comprendre le fiasco de cette initiative, les explications d’Ali Bongo Ondimba, au lendemain de la création de ce fonds sont assez explicites: “les populations vont réfléchir. Elles vont donner deux ou trois choix au préfet sur ce qu’elles veulent faire. Le préfet va les amener au niveau du gouverneur. Lorsque tous les projets seront arrivés au niveau du gouvernorat, le gouverneur réunira tous les préfets, tous les élus locaux de tous les départements de la province en une sorte de conseil provincial. C’est là que se fera l’adoption de tous les projets qui seront envoyés après vers Libreville. Le gouverneur ensuite, les transmettra au ministre de l’intérieur et le ministre de l’intérieur doit m’amener tous ces projets. Le premier ministre et moi même, allons revoir tout cela et c’est seulement là que nous allons donner l’ordre de décaisser”.
Une mécanique très équivoque, qui ne présageait rien de rassurant.
Aujourd’hui, la réalité corrobore toutes les craintes, les doutes et les incertitudes de nombreux observateurs sur ce projet.
L’hinterland demeure dans le même état. Les populations broient toujours du noir. Les départements ont gardé le même aspect de l’ère coloniale.
Et rien n’est prêt de s’arrêter.
Stive Roméo Makanga