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De la concertation à la déconcertation, le pari perdu d’Ali Bongo Ondimba et le bond périlleux vers l’inconnu

Par Kongossanews

Par Stive Roméo Makanga

À peine entamée, la concertation d’Ali Bongo Ondimba a déjà du plomb dans l’aile. Le Parti social démocrate (PSD) et le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), deux poids lourds de l’opposition, ont décroché sans attendre plus longtemps, alléguant que le processus entier serait une mascarade. Ce qui est loin d’être faux.

Pour les élections générales de cette année, dont le scrutin présidentiel apparaît comme le principal, les partis de la majorité semblent s’être accordés. Ce qui, à l’inverse, n’est pas le cas pour l’Opposition, en proie à un schisme quasi rédhibitoire. Une atmosphère qui devrait tout logiquement déboucher sur un bouleversement de l’entier microcosme et il faut s’y attendre.

Cependant, faut-il croire que cet état de fait ait été voulu et entretenu? Tous les postulats semblent converger dans ce sens. Et puis, comment ne pas croire l’Opposition lorsqu’à 6 mois seulement de la présidentielle, le ministère de l’intérieur ait légalisé plus d’une vingtaine de partis politiques, portant définitivement le nombre à 121?

Et, Alexandre Barro Chambrier a-t-il raison de s’offusquer de “l’élection” de Michel Stéphane Bonda à la tête du Conseil Gabonais des Élections (CGE), précisant que ce dernier, en plus d’être un pédégiste serait “doublé d’une moralité douteuse”? Absolument. La vie de l’ancien journaliste avait défrayé la chronique, et c’est aujourd’hui un secret de polichinelle.

De plus, la validation de l’élection de Michel Stéphane Bonda par la Cour constitutionnelle laisse très clairement transparaître les germes d’un jeu d’avance pipé. Sans parade aucune, disons que la concertation d’Ali Bongo Ondimba laissait déjà apparaître les sillons d’un fiasco imminent, et les déclarations de PCMM et ABC ont fini de tout valider.
Il y a désormais un contexte tendu de guerre froide. La Majorité et l’Opposition s’évitent.

Cela dit, faudrait-il comme François Mitterrand, plusieurs fois ministre sous la IV République et principal leader de l’opposition à Charles De Gaulle et à la constitution de la Ve République, consentir à une union des forces de l’Opposition Gabonaise ? Peut-être bien.

Mais comme en 1958, année de la constitution de la Ve République en France, l’opposition Gabonaise se retrouve quant à elle éclatée en plusieurs groupes.

Un fait qui conforte la consistance et la dynamique du Parti Démocratique Gabonais (PDG) qui, avec ses alliés de la majorité, avancent en bloc uni.

Seulement, tout espoir n’est peut-être pas perdu pour l’Opposition. Le même capharnaüm fit son bonhomme de chemin en 1964, en Hexagone, avec la formation de plusieurs petits regroupements de l’opposition, dont la Convention des institutions républicaines (CIR), que François Mitterrand rejoignit pour appeler à une union de toute la gauche non-communiste et communiste.

Ainsi, pour l’élection présidentielle de 1965, alors que Gaston Defferre, figure importante de la SFIO retirait sa candidature au terme de plusieurs tractations occultes, François Mitterrand, avec l’appui du PCF, se présenta comme le candidat unique de l’ensemble de la Gauche.
Un choix opportun puisque ce dernier, bien qu’il ne battit pas Le Général, fit néanmoins bouger les lignes. La candidature de François Mitterrand eut le mérite de rassembler de nombreuses forces dont la SFIO, la CIR, le Parti radical ainsi que certains petits regroupements tapageurs au sein de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS).

Cette année-là, François Mitterrand perdit avec 45,5%..si proche du but.

Bien que le FGDS fut un échec, l’expérience d’union en avait valu la peine.

En effet, la stratégie d’union s’est toujours présentée comme la plus opportune et c’est certainement sur ce sentier que l’Opposition Gabonaise devrait converger.

Une vraie opposition, capable de résurgence. Mais toute la question est de savoir si les ambitions déclarées sont sincères.

Et avec le foisonnement de petits partis “gazelle”, “moutouki” ou “écureuil”, autant dire que la tâche s’annonce ardue car pour beaucoup, seul compte le jeu du Pouvoir.


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