Chargement en cours

Gabon/Affaire Opiangah : l’Udis dénonce une justice à deux vitesses et interpelle le président de la République

Par Cadette Ondo Eyi

Lors d’un point-presse organisé à leur siège de Libreville, les dirigeants de l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (Udis) ont exprimé leur vive préoccupation face à la tournure qu’emprunte l’affaire visant leur président, Hervé Patrick Opiangah. À travers une déclaration articulée et déterminée, le parti a dénoncé ce qu’il considère comme une justice sélective et politisée, en appelant directement le chef de l’État à garantir l’intégrité des institutions judiciaires.

Le cœur de la dénonciation de l’Udis repose sur une comparaison troublante : celle du traitement judiciaire réservé à Hervé Patrick Opiangah face à celui accordé à Sylvia et Noureddine Bongo. Tous trois mis en cause dans des affaires judiciaires, seul Opiangah demeure encore sous le coup de poursuites actives, alors même que les charges semblent inexistantes, la victime présumée étant inexistante et plusieurs vices de procédure ayant été relevés. À l’inverse, Sylvia Bongo et son fils Noureddine, pourtant cités dans des dossiers d’une ampleur bien plus retentissante, ont bénéficié de mises en liberté dans l’attente de leur procès.

Pour l’Udis, cette disparité met en lumière un dysfonctionnement inquiétant du système judiciaire. « Pourquoi certains bénéficient-ils de la clémence du système tandis que d’autres sont maintenus dans une procédure injustifiée ? », le s membres du parti, soulignant que l’équité devant la loi est le fondement de toute démocratie digne de ce nom.

Le refus de la chambre d’accusation de prononcer un non-lieu en faveur d’Hervé Patrick Opiangah, malgré l’absence de charges concrètes, constitue selon l’Udis un abus manifeste. Le parti rappelle que l’article 163 du Code de procédure pénale gabonais permet un non-lieu en cas d’insuffisance d’éléments à charge. De plus, il cite une jurisprudence française du 27 novembre 1963, qui admet la possibilité d’un non-lieu sans audition préalable si les faits ne justifient pas une poursuite. Dans le cas d’Opiangah, toutes les conditions semblent réunies, ce qui pousse l’Udis à s’interroger : sur quelles bases le président de la chambre d’accusation a-t-il décidé de renvoyer l’affaire au premier cabinet d’instruction ?

L’Udis s’appuie également sur les articles 328 du Code de procédure civile et 526 du Code de procédure pénale, garantissant la possibilité de récuser un juge ou de demander son abstention en cas de doute sur sa neutralité. Des garde-fous que le parti estime aujourd’hui compromis, renforçant ainsi leur conviction d’une justice instrumentalisée.

« La présomption d’innocence est inscrite à l’article 3 du Code de procédure pénale », rappelle l’Udis, qui déplore que cette protection fondamentale semble aujourd’hui bafouée dans l’affaire Opiangah. La formation politique appelle donc le président de la République à assumer son rôle de garant des institutions républicaines. L’Udis invoque aussi les principes universels de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : liberté, égalité, sûreté et propriété — des idéaux que la République gabonaise se doit de faire respecter de manière uniforme et sans distinction.

L’Udis avertit : « Prenons garde de ne pas verser dans l’odieux qui est la porte de sortie du ridicule », citant les mots d’un diplomate gabonais. Une mise en garde contre une dérive judiciaire qui, si elle se confirme, pourrait durablement ébranler la confiance des citoyens dans l’État de droit.

Laisser un commentaire