Par Stive Roméo Makanga
Unique département du Haut-Ogooué absent de la profusion des nominations intervenus ces jours derniers au sein du parlement de transition, les craintes des ressortissants de La Djoué Onga n’ont depuis, de cesse de s’exacerber. Avec zéro député et zéro sénateur dans les deux chambres de l’institution précitée, les doutes turlupinent déjà plus d’un.
« Le soleil brille pour tout le monde, sauf que la transition nous a bâillonné car sans porte-parole au parlement et sans haut cadre dans l’administration, nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Donc à nouveau oubliés, personne ne pense à nous », à déclaré un ressortissant de cette partie de l’hinterland.
Si la prise du pouvoir par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), intervenue le 30 août dernier, avait ému la presque totalité des gabonais, il est intéressant de préciser que pour ceux du département cité en sus, cette libération du pays augurait de belles perspectives tant le développement est devenu au fil des ans une aspiration communément partagée dans La Djoué Onga.
Pour quiconque ne le saurait pas, La Djoué Onga est située au Sud-est du Gabon, dans la province du Haut-Ogooué.
D’abord connu comme un Poste de Contrôle Administratif jusqu’en 1977, il est tour à tour devenu un district, de 1977 à 1982, puis de 1982 à nos jours, un département.
Faisant partie des 11 départements de la province du Haut-Ogooué, il se trouve que ce dernier dispose tout particulièrement de l’une des plus grandes plantations de manioc de tout le pays, avec plus de 120 hectares de cette même culture dans le seul village d’Ossiélé. Une œuvre admirable, produit de la coopérative agricole et sociale MPARI M’ABOUGA.
Depuis les années 1980, et jusqu’au 30 août dernier, le département de la Djoué avait toujours eu le privilège d’un représentant dans les deux chambres du parlement. Aussi, ces 2 élus représentaient les populations originaires de cette localité, estimées à plus de 12 mille âmes, y compris celles résidants à la capitale.
Pourtant, jamais les propositions de ces représentants, formulées dans la perspective de sortir cette localité de la torpeur et du sous sous-développement, n’ont trouvé un écho favorable.
À la faveur de l’élaboration de la liste des principaux acteurs attendus au Parlement, quelle n’a pas été la surprise des ressortissants du département de La Djoue Onga, de constater qu’aucun de leur fils ou fille n’avait rejoint les effectifs aux fins de contribuer à la Transition.
« Nous sommes oubliés. Nous pensions que nous étions sauvés avec le Général mais Onga est toujours oublié. Pas de routes, pas d’eau, pas d’électricité et aujourd’hui pas de représentant au parlement », a formulé le chef de canton de cette localité, lors d’une discussion avec ses pairs.
” Depuis le début de la transition, nous n’avons obtenu aucune nomination au bénéfice de notre département, exactement comme cela a été le cas les années précédentes. Nous n’avons pas d’eau, d’électricité ni de routes parce que personne ne défend nos intérêts dans les sphères décisionnelles de l’Etat”, relate une cheffe de village.
Pour ASSARI DE NDOUNA Platini, ingénieur et haut cadre de cette localité, qui milite depuis plusieurs années pour l’épanouissement des ressortissants de cette partie du Gabon, avec sa coopérative agricole qui emploie plus de 120 personnes dans le département, cumulé aux actions sociales multiformes expressément dédiées à ses semblables dans ce département, cet état de fait demeure préoccupant.
« Il est difficile d’expliquer à nos populations que le Gabon compte 48 départements et l’assemblée nationale de transition compte 98 députés. La base du choix aurait été tout simple : choisir dans chaque département du Gabon 1 député, soit 48 députés au total.
Les 50 postes de députation restants, devraient être répartis selon la discrétion du pouvoir. Le même raisonnement est valable pour le SENAT », fait-il observer.
“Nous voulons accompagner les autorités de transition, les emmener aussi à prendre en compte nos préoccupations comme celles du peuple gabonais tout entier, afin que la Djoué aussi puisse connaître son essor vers la félicité tant clamé par les nouvelles autorités en qui nous avons foi et reconnaissons toute la volonté de redonner aux gabonais leurs dignité” conclut-il.
En attendant, les populations d’Onga espèrent que cette anomalie pourra être corrigée, estimant que le nouveau Gabon devrait être construit, dans l’absolu, par tous les compatriotes engagés dans cette dynamique.