Par Stive Roméo Makanga
Ceux qui saluent la décision de Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a acté la suspension de son demi-frère, Aurélien Mintsa Mi Nguema au poste de Directeur Général du Budget et des Finances Publiques (DGBFIP) font l’autruche et c’est peu de le dire. En prétendant que le général président aurait bien fait, qu’il ne s’autoriserait pas de limites dans la sanction ou encore que sa main ne tremblera jamais aussi longtemps qu’il se maintiendra au pouvoir, ne sont en fin de compte que de perfides trompeurs. Au lieu de commenter les conséquences, ils auraient été plus intelligents en analysant les causes. Kounabélistes impénitents et invétérés, ils vont jusqu’à prendre fait et cause pour l’irrationnel, le tout, sous fond de déni. Que chacun active ses neurones ! La cause est profonde. Il y a que le général de Brigade, Brice Clotaire Oligui Nguema, a choisi de reconduire à l’identique le système de gouvernance d’Ali Bongo Ondimba, lequel a pourtant été dénoncé avec ferveur par les populations. Il s’agit de la gouvernance par le népotisme. Et pour ceux qui ne sont pas assez fixé sur ce terme, qu’ils retiennent simplement qu’il s’agit d’une pratique pour favoriser ses proches, notamment dans l’attribution de privilèges ou de postes d’autorité, souvent au détriment des processus de sélection ordinaire basés sur le mérite. C’est ce qu’a fait le président de la Transition, en nommant DGBFIP son frère cadet. Et Dieu seul sait qu’Aurélien Mintsa Mi Nguema est loin d’être le seul dans la parentèle du général président à avoir bénéficié d’une nomination par pitonnage.
Face à ce qui précède, on ne saurait se réjouir de cette décision, car elle ne fait que confirmer les suspicions de népotisme et de corruption qui entourent le pouvoir. Il est temps que les populations gabonaises prennent conscience de la gravité de la situation et exigent des changements au Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), si leur objectif est réellement la refonte de tout ce qui nous a gangrenés. Le népotisme et la corruption ne sont pas des pratiques acceptables et doivent être combattus avec fermeté.
Reconnaissons d’abord, à toute fin utile, que Brice Clotaire Oligui Nguema, fut-il considéré comme « le libérateur » du Gabon, n’aurait pas dû faire la part belle à sa parentèle. Nommer son frère cadet à un niveau de responsabilité aussi élevé et en période de Transition avait déjà fait jaser. Aujourd’hui, à l’épreuve de quelques mois seulement, le constat est consternant.
Bien au-delà de cet épisode, il faut avouer que la Transition, prise dans sa globalité, affiche des limites inquiétantes et les voix discordantes qui s’élèvent à travers le pays se justifient fort bien. La crainte d’un remake des errements des 14 dernières années avec un Ali Bongo Ondimba au pouvoir se conforte dans l’opinion. Le CTRI va visiblement à tâtons, et les incongruités apparaissent peu à peu au grand jour.