Par Stive Roméo Makanga
Les convictions profondes de Jean Eyeghe Ndong l’ont toujours conduit, au cours de sa trajectoire politique, à adopter un comportement d’homme conquis par les valeurs de justice et d’équité, en plus d’être un opposant à la barbarie que peuvent souvent manifester les puissants. C’est somme toute, les raisons de son départ du Parti démocratique gabonais (PDG au pouvoir depuis 1968) en 2008, peu après le décès de l’un de ses fondateurs, Omar Bongo Ondimba, alors que s’imposait Ali Bongo Ondimba, son fils, comme candidat naturel de cette famille politique pourtant précis dans ses textes fondateurs.
Ayant levé le pied, tourné la page et appuyé ouvertement la candidature de feu André Mba Obame, en 2009, l’« Homme de Nkembo » était de nouveau apparu en 2016 comme l’un des artisans de la campagne de Jean Ping, résolument décidés à mettre un terme à ce qu’ils considéraient tous d’ailleurs comme une grosse « imposture » au sommet de l’État.
Ce positionnement lui a valu d’essuyer bien des dénigrements, de même qu’un gel de toutes les prérogatives auxquelles il pouvait prétendre, son statut d’ancien premier ministre faisant foi.
Nonobstant la kyrielle de correspondances adressées aux différents chefs de gouvernement l’ayant succédé, Rose Christiane Ossouka y compris, Jean Eyeghe Ndong n’en a rien tiré, pas même le moindre accusé de réception.
Sur le total dû à ce sénateur « de conviction », il faudra désormais le considérer au passé, l’on compte un peu plus de 770 millions d’indemnités non reversées, cumulées à une série d’avantages tels les octroi d’un chauffeur, de véhicules, d’aides de camp et bien plus, eux aussi « pris en otage ».
Au total, ce sont Onze années consécutives d’exclusion, qu’a dû supporter Jean Eyeghe Ndong.
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Le système établi par Ali Bongo Ondimba sur la question s’était voulu ferme.
Il faut avouer que pour le Pouvoir, des « gens » comme Jean Eyeghe Ndong doivent être privés de tout, pour qu’ils comprennent enfin la très célèbre théorie de l’œuf et de la pierre : quel que soient les cas de figures adoptés, la pierre finie toujours par briser l’œuf, qu’elle se trouve en haut ou en bas. Peu importe.
L’ancien soutien de Jean Ping semble avoir mis plus d’une décennie pour réaliser combien est pertinente cette théorie immanente.
En 2021, l’âge et les circonstances devenant bien plus pesants que par le passé et la probabilité de « mourir okoukout » étant presque certaine, le système d’Ali Bongo Ondimba, ne transigeant pas sur sa position, Jean Eyeghe Ndong a fini sur la table des négociations « occultes », sortes de compromissions pour que cesse enfin le martyr.
Entre le fait de devenir pour quelques années seulement, un fusible du Pouvoir ou tenir jusqu’au bout ses convictions (qui ne paient souvent pas) et mourir dans le dénuement total, la décision a été vite prise.
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L’on ne saurait blâmer « l’homme de Nkembo » au motif qu’il se soit attablé avec « l’ennemi ». La politique est faite de revers et face à la disette, même les convictions les plus enracinées, que l’on s’est efforcé de bâtir plusieurs années durant, peuvent voler en éclats…en un seul jour. On finit tous à un moment ou à un autre par céder.
Tous ces événements devraient emmener la poignée de « camarades » de JEN restés encore auprès de Jean Ping à une prise de conscience. Dans les pays comme le nôtre, les choses sont loin d’être aussi simples qu’on le croit.