Par Stive Roméo Makanga
L’Université des Sciences et Techniques de la Santé (USTS), créée par l’ordonnance n°003/PR/2022 du 25 août 2022, poursuit son engagement dans la transformation du paysage médical gabonais. Avec le lancement du Diplôme d’Études Spécialisées en Médecine d’Urgence et de Catastrophes (DESMUC), l’établissement entend arrimer les services hospitaliers locaux aux standards internationaux.
La rentrée académique de cette formation s’est tenue le jeudi 21 novembre 2024 à l’École d’application du service de santé militaire du PK9, à Libreville. Cette rencontre, qui réunissait un panel important du monde de la médecine militaire, a marqué un tournant dans le développement des compétences locales en médecine d’urgence.
Introduite par l’arrêté n°00302/MESRSTT/USTS/REC du 24 août 2023, la formation offre une approche pratique et théorique visant à améliorer la prise en charge des urgences hospitalières. Elle répond à des besoins criants, longtemps identifiés, dans les services d’urgence au Gabon. Souvent tenus par des médecins généralistes et internes peu ou pas formés en anesthésie-réanimation, ces services peinent à répondre efficacement aux situations critiques.
Le lieutenant-colonel Yannick Ivala Mendome, urgentologue, a dans son propos liminaire salué l’avènement de ce programme. Pour lui, « la formation permettra, au terme de cinq ans, dont une année à l’étranger, de disposer de spécialistes compétents en médecine d’urgence et de catastrophes ». Il faut dire qu’elle est ouverte à tous les médecins généralistes, qu’ils soient civils, militaires ou étrangers.
Le DESMUC comprend 16 modules couvrant un large éventail de thématiques allant des défaillances respiratoires et circulatoires aiguës aux pathologies environnementales, en passant par les complications graves de la grossesse ou les intoxications aiguës. Les participants acquièrent des compétences pointues en réanimation cardio-respiratoire, en techniques d’oxygénation et de ventilation, ou encore en utilisation de l’échographie ciblée (FAST).
Pour le professeur Romain Tchoua, cette initiative marque une étape importante dans le renforcement des ressources humaines dans les services d’urgence. « Tout le monde est un jour confronté à une situation d’urgence. Ces services doivent donc être dotés de personnels bien formés, capables de réagir à tout type de détresse. » Il a insisté sur l’importance du Service d’Accueil des Urgences (SAU), qu’il qualifie de « vitrine d’un hôpital », tout en appelant les décideurs à prioriser son amélioration dans le cadre des politiques de santé publique.
L’intégration d’ateliers pratiques au sein de la formation illustre cet effort de professionnalisation. Les étudiants sont formés aux gestes qui sauvent et aux techniques de monitorage en médecine d’urgence. Les hôpitaux universitaires, choisis pour accueillir cette formation, garantissent un encadrement optimal sous la supervision de formateurs aguerris, souvent issus de formations étrangères.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de développement des compétences locales. Comme l’a rappelé le lieutenant-colonel Ivala Mendome, il n’est plus nécessaire pour les médecins désireux de se spécialiser en médecine d’urgence de chercher une formation à l’étranger.
Le DESMUC, dont la seconde promotion vient de débuter, ambitionne de hisser les services d’urgence gabonais à un niveau d’excellence. Une réponse indispensable face aux nombreux défis rencontrés dans les hôpitaux, tant sur la qualité de l’accueil que sur la dextérité des interventions médicales.
Par ce biais, l’USTS renforce non seulement les capacités locales mais également la confiance des populations envers leur propre système de santé. Un pas de plus vers une prise en charge médicale de qualité, adaptée aux besoins spécifiques du Gabon.