Par Joseph Mundruma
En plus d’être uniques dans l’histoire du Gabon, les élections générales imminentes ont aussi la particularité de cacher bien des secrets. Le 26 août 2023, date arrêtée pour les scrutins, il s’agira pour le parti au pouvoir d’entériner la victoire de leur “champion”, Ali Bongo Ondimba, mais aussi et surtout de préparer un dispositif sûr et sans équivoque, qui devrait permettre de préserver son intérêt, y compris au cours des crises qui pourraient survenir.
Ainsi, l’investiture de Rose Christiane Ossouka Raponda, l’actuelle vice-présidente de la République, au titre de candidate pour le compte du 3e arrondissement de Libreville, pourrait tenir de ce postulat.
Dans les salons feutrés du Grand Libreville, la question que se posent certains observateurs du microcosme politique gabonais est celle-ci : quel sens peut-on apporter à l’investiture de l’ancienne locataire de la primature, quand on sait qu’elle est déjà vice-présidente de la République ? Entre député et vice-président de la République, quelle fonction est la plus prestigieuse? La réponse est évidente.
Pourtant, Rose Christiane Ossouka Raponda a quand-même été investie candidate à la députation. Et, pour certains analystes, il est clair que l’ancienne première ministre s’achemine droit vers le fauteuil de présidente de l’Assemblée nationale.
VERS UN TRIUMVIRAT ?
En décembre 2020, le parlement, réuni en congrès, avait entériné une modification de la constitution, laquelle avait fait large polémique. Celle-ci, votée à 89%, stipulait qu’en cas de vacance de pouvoir, l’intérim sera assuré par un collège, lequel sera formé par le président du Sénat, celui de l’Assemblée nationale, et le ministre de la défense.
D’ailleurs, Jonathan Ntoutoume Ngom, commentant cette actualité, avait clairement déclaré : “Au lieu de confier les rênes du pays à une seule personne (le président du Sénat) qui n’est d’ailleurs pas un élu direct du peuple gabonais, on a pensé qu’il fallait non seulement le président du Sénat mais aussi le président de l’Assemblée nationale et le ministre de la Défense. Pour l’exécutif gabonais, le choix a été celui du ministre de la Défense peut-être pour donner un caractère sécuritaire à ce triumvirat”.
Dans une telle configuration, et si jamais Rose Christiane Ossouka Raponda prenait la tête de l’Assemblée nationale, en remplacement de Faustin Boukoubi, Ali Bongo Ondimba, le président de la République, aurait ainsi trois fidèles parmi les plus fidèles pour continuer de conduire le pays en cas de vacance de pouvoir.
Il s’agira de Lucie Milebou Aubusson, nommée par lui-même, Rose Christiane Ossouka Raponda, qui a déjà assez témoigné son attachement sans faille aucune, et Félicité Ongouori Ngoubili, soeur cadette d’Omar Bongo Ondimba.
Trois femmes pour former un triangle de pouvoir parfait.