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Élections 2025/Ntoum : Après les dérives et les incivilités, quelle réponse face aux entorses à la loi ?

Par Stive Roméo Makanga 

Les élections législatives et locales du 27 septembre 2025, censées marquer une étape décisive dans le renforcement de la démocratie gabonaise, ont été entachées par des comportements indignes de la part de certains acteurs politiques. C’est en tout cas le constat sans appel dressé par Camélia Ntoutoum Leclercq, candidate du Parti Démocratique Gabonais (PDG), qui s’est élevée contre les dérives constatées à Ntoum, dans le département du Komo-Mondah.

« Nous avons constaté, pour le déplorer, le comportement incivique de celles ou de ceux qui aspirent à la gestion de la cité, en séquestrant les membres de la commission électorale aux premières heures du 27 septembre 2025 », a-t-elle déclaré. Une affirmation lourde de sens qui met en relief l’atmosphère délétère ayant entouré l’ouverture des bureaux de vote.

En effet, selon la candidate pédégiste, l’élan d’affrontement a été attisé par des mobilisations initiées par l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), rapidement relayées par l’Union nationale, l’UPR et même un candidat indépendant. À cela se serait ajoutée une campagne de manipulation sur les réseaux sociaux, où des images sorties de leur contexte ont insinué une tentative de fraude. Or, précise Camelia Ntoutoum Leclercq, « l’image dans une salle de classe avec des urnes le lendemain, donc le 27 septembre, concerne l’installation des bureaux de vote à l’école publique de Nzorburg, toujours dans le département du Komo-Mondah ».

L’incident a provoqué un retard considérable dans le démarrage du scrutin, suivi d’une suspension temporaire malgré la présence du gouverneur et du président de la commission provinciale, un magistrat. Pire, certains partis auraient exigé le droit d’imposer leurs scrutateurs, en violation flagrante de l’article 115 du Code électoral, qui stipule que « la liste des scrutateurs émane d’une liste d’aptitude fournie par l’administration ».

Le constat est d’autant plus alarmant que les violences verbales et physiques n’ont pas épargné les personnes vulnérables, notamment celles vivant avec un handicap. « Violence verbale et physique, y compris sur les personnes vivant avec un handicap, alors que toutes ces personnes votent dans notre village depuis 2023 », a dénoncé la candidate, tout en regrettant également « la passivité déconcertante de quelques membres des forces de sécurité et de défense présents sur les lieux ».

Ces faits posent une problématique cruciale : que prévoit la loi dans de tels cas ? Les dispositions du Code électoral sont claires sur les obligations des partis et des candidats en matière de respect de la légalité républicaine. Mais lorsque ceux-ci choisissent sciemment de s’en affranchir, en mettant en péril le bon déroulement d’un scrutin, quelles sanctions sont prévues ? Faut-il attendre la réaction de la Cour constitutionnelle pour voir les responsabilités établies et les coupables punis, au risque que ces dérives ne se banalisent ?

En appelant à la vigilance des autorités compétentes, Camélia Ntoutoum Leclercq se fait l’écho d’une inquiétude partagée : « C’est donc avec gravité et avec espoir, que nous interpellons humblement les autorités compétentes pour que les responsabilités des uns et des autres soient établies et qu’on ne revive plus pareilles situations sur la simple base de la suspicion fallacieuse de tentative de fraude. »

Dans un contexte où ces scrutins se veulent garants de rupture avec les pratiques d’antan, ces incivilités interpellent : il y a urgence à rappeler les règles du jeu démocratique et à sanctionner les manquements, faute de quoi la crédibilité des urnes et la confiance des populations en pâtiront durablement.

 

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