Législatives 2025/Ntoum : Elfox Mbina ou la trahison d’un ancien chantre de Camélia Ntoutoum Leclercq
Par Stive Roméo Makanga
Ceux dont on chante les louanges sur tous les toits doivent désormais se méfier. Et pour cause, le 27 septembre 2025, à Ntoum, on aurait pu croire à une simple compétition électorale. En réalité, c’est une pièce de théâtre politique qui s’y est jouée, avec ses intrigues, ses trahisons et ses faux semblants. L’acte I voyait s’avancer sur scène une femme (Camélia Ntoutoume Leclercq) sûre d’elle, compétente, portée par une campagne menée avec méthode et précision. Une candidate donnée favorite, presque assurée de l’emporter. Mais à mesure que la lumière s’intensifiait sur elle, les ombres s’agitaient en coulisse. Et dans ces ombres, un nom revient dans toutes les sauces : Elfox Loyola Mbina. Un véritable félin habitué aux retournements de veste.
Il nous souviendra que ce dernier, dans un passé pas si lointain, vantait encore les mérites de celle qu’il appelle aujourd’hui son adversaire. Il la décrivait comme « la femme de la situation », « l’incarnation du sérieux et de la compétence ». Hier laudateur, aujourd’hui opposant et accusateur : la versatilité d’Elfox Mbina ferait presque sourire si elle ne servait pas d’instrument à une croisade plus inquiétante. Car ce qui se joue à Ntoum dépasse la simple rivalité politique, c’est le procès d’une femme qui dérange, d’une réussite qu’on ne pardonne pas.
Le scénario du premier scrutin, d’abord limpide, a tourné à la catastrophe. Contestations, reports, insinuations : tout y passe. Les motifs invoqués pour ajourner les élections flirtent avec le grotesque. À croire que la victoire de Camélia Ntoutoume Leclercq violerait quelque loi non écrite de la République. Et lorsqu’un proche d’Elfox Mbina lâche, du haut de son assurance, qu’« une femme ne doit pas diriger le village », comme le révèle notre confrère Gabon Mail Infos, on ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer. Cette phrase, d’une bêtise abyssale, résume à elle seule la petitesse de la manœuvre.
Le ridicule, ici, n’a pas d’autre visage que celui de ces hommes pris au piège de leur propre misogynie. Comment penser qu’en 2025, une femme ne puisse pas être élue députée de la Commune de Ntoum ?
On les entend parler de démocratie, mais ils ne supportent pas qu’une femme en incarne la victoire. On les voit invoquer la transparence, tout en tissant, dans l’ombre, les fils d’une cabale cousue de fil blanc.
Car enfin, que reproche-t-on à Camélia Ntoutoume Leclercq ? D’être compétente ? D’avoir travaillé avec rigueur à la tête de l’Éducation nationale ? D’oser conjuguer autorité et féminité ? À Ntoum, ce sont moins ses idées que son genre qui semblent la condamner. Trois élections pour un seul siège, jamais on n’avait vu pareille persécution dans le paysage politique gabonais. Pas même en rêve.
Les opposants de Camélia Ntoutoum se seraient-ils trouvés une cause commune : empêcher coûte que coûte la victoire d’une femme ? C’est l’idée fortement partagée dans les salons feutrés du Grand Libreville.
Le 11 octobre, les mêmes démons ont ressurgi. Le scrutin rejoué, la tension décuplée, la mauvaise foi intacte. À chaque report, les mêmes visages, les mêmes accusations, les mêmes tentatives d’usure. Et pourtant, Camélia Ntoutoume Leclercq persiste. Elle avance, stoïque, droite, avec cette détermination tranquille qui agace ceux qui confondent la force morale avec l’arrogance.
Le comble, c’est que cet acharnement finit par ridiculiser ses auteurs. Car à force de vouloir la faire tomber, ils l’ont hissée au rang de symbole. Toute cette histoire devient ridicule. Et on en parle désormais au Sommet.
Et si Elfox Mbina croyait l’affaiblir par ses saillies misogynes, il l’aura au contraire renforcée. Ses outrances font désormais figure de révélateur : celui d’un système politique qui doit disparaître dans la Ve République.
Ce troisième tour, prévu pour le week-end, ne sera donc pas une simple élection. Ce sera une épreuve de vérité. Pour Camélia Ntoutoume Leclercq, bien sûr, mais surtout pour une société tout entière. Car il ne s’agit plus seulement d’un siège à conquérir, mais d’un principe à défendre : celui de l’égalité dans la dignité, de la compétence reconnue au-delà du genre.
Et si les urnes, cette fois, pouvaient parler sans entraves, elles diraient peut-être ceci : qu’on peut bien retarder les scrutins, manipuler les mots, déformer les faits, mais qu’on ne bâillonne pas longtemps la vérité, surtout que Camélia Ntoutoum Leclercq s’est imposée avec 47,26 % des suffrages au premier tour, contre 17,09 % pour son rival de l’UPR.



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