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Les cinq raisons de maintenir le franc CFA, selon le Pr Amath Ndiaye

Par Stive Roméo Makanga 

Le franc CFA continue d’alimenter les débats sur le continent africain. Pour ses détracteurs, il demeure une monnaie coloniale, symbole d’une tutelle continue de la France. Mais pour le Professeur Amath Ndiaye, titulaire de la chaire de macroéconomie à la Faculté des Sciences économiques et de gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, cette perception ne correspond plus à la réalité. Lors d’une conférence publique, l’universitaire a détaillé cinq arguments majeurs en faveur du maintien du franc CFA, qu’il considère désormais comme une monnaie pleinement africaine.

D’abord, la thèse qu’il s’agit d’une monnaie africaine depuis 1973.

Selon lui, la réforme de 1973 a marqué un tournant décisif : les banques centrales de Dakar (BCEAO) et de Yaoundé (BEAC) sont passées sous la direction d’Africains. « Depuis cette date, la gestion n’est plus dictée depuis Paris », rappelle le professeur. Une évolution renforcée en 2019, lorsque la France a cessé de siéger dans les instances décisionnelles.

Ensuite, il s’agit d’un outil de stabilité et de contrôle de l’inflation.

Pour lui, le franc CFA émis par la BCEAO et non par la Banque de France, a permis de contenir l’inflation à des niveaux parmi les plus faibles du continent. C’est un fait.

Enfin, il s’agit d’un facteur d’intégration économique car pour Amath Ndiaye, le CFA est un instrument majeur d’intégration régionale au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO, en favorisant les échanges et la fluidité des transactions.

Il le présente aussi comme un secteur bancaire dominé par les Africains. En effet, à 98 %, le secteur bancaire de la zone CFA est désormais africain, preuve selon lui que la monnaie a contribué à bâtir un système financier autonome.

Pour l’universitaire, aujourd’hui, il s’agit d’un commerce redirigé vers de nouveaux partenaires.

Dans son argumentaire, le professeur souligne que la zone CFA, loin d’être arrimée uniquement à la France, voit aujourd’hui son commerce dominé par la Chine, preuve de son ouverture.

« le franc CFA d’hier n’existe plus. Celui d’aujourd’hui est africain », affirme avec force le Pr Ndiaye.

Le véritable enjeu, conclut-il, n’est pas de rompre avec cet héritage mais de réfléchir à son adaptation aux transformations économiques du continent. Toutes les thèses devraient logiquement converger vers cette analyse objective.

 

 

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