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Les turpitudes et le faux procès de SATRAM-EGCA à EBOMAF au Gabon

Par Joseph Moundruma 

Se prévaloir de ses propres turpitudes : c’est précisément à cet exercice que semble se livrer, sans la moindre gêne, le Directeur général de la Société d’aconage, de transport et de manutention et de l’Entreprise gabonaise de construction et de location automobile (SATRAM/EGCA), Olivier Nzue. En effet, autour de la dépossession judiciaire du terminal d’Antarès, à Libreville, au profit du tandem FINATRA/BCEG (Financière Transafricaine / Banque pour le commerce et l’entrepreneuriat du Gabon) et de l’Entreprise EBOMAF (Bonkoungou Mahamadou et Fils), le dirigeant semble vouloir transformer une décision de justice claire en une tragédie personnelle. Autrement dit, il s’en prend au monde entier pour ses propres fautes, dans ce qui ressemble fort à une tempête dans un verre d’eau.

Des accusations farfelues et une stratégie victimaire

En réalité, le conflit tourne autour du terminal logistique d’Antarès, un site stratégique de 2000 m² situé au cœur de Libreville. Dans le cadre des démarches administratives nécessaires à l’installation de la filiale de son groupe, la Panafricaine de la Logistique, le patron d’EBOMAF, Mahamadou Bonkoungou, s’est légitimement tourné vers les institutions gabonaises et la justice. Ces dernières ont, conformément à la loi, enclenché la procédure, l’ont menée à son terme, puis ont transcrit le titre foncier d’Antarès au profit de FINATRA/BCEG, avant d’attribuer la parcelle à EBOMAF.

Cependant, très vite, dans le camp adverse, on a préféré répondre non par le droit, mais par le vacarme médiatique : des articles à charge ont été commandités pour se victimiser et accuser EBOMAF de manœuvres occultes. Ainsi, le discours d’Olivier Nzue se pare d’accusations grotesques : « braquage du titre foncier », « expropriation masquée » ou encore « complot administratif ». Des termes spectaculaires, certes, mais qui ne résistent pas à l’examen des faits.

Pourtant, depuis près d’un an, EBOMAF est devenue un acteur économique majeur au Gabon : elle emploie plus de 1500 travailleurs gabonais, et prévoit de doubler ce chiffre à travers ses différentes filiales, notamment la Panafricaine de la Logistique. Face à cela, les cris d’alarme d’Olivier Nzue, qui brandit la menace de licenciement de 200 employés, relèvent davantage du chantage social que de la réalité économique.

En somme, il joue le rôle de David contre Goliath, inversant les rôles, criant au voleur alors qu’il tente de sauver ce qui peut l’être. Il s’appuie sur des arguties procédurales – absence de notification officielle, non-indemnisation, célérité suspecte de la décision – pour semer le doute, tout en tentant d’émouvoir l’opinion publique avec des chiffres impressionnants : 7 milliards de francs CFA d’investissement et des centaines d’emplois menacés.

Pourtant, s’il y a un reproche à faire, c’est non pas à EBOMAF, mais bien aux institutions gabonaises qui ont appliqué la loi. Autrement dit, Olivier Nzue s’attaque au mauvais adversaire. Sa ligne de défense, d’ailleurs, apparaît aussi fragile qu’inconsistante : un écran de fumée destiné à masquer les véritables turpitudes de SATRAM-EGCA.

Les dessous de l’acharnement : quand la faillite cherche un bouc émissaire

Pour comprendre cette agitation, il faut remonter à la situation réelle de SATRAM-EGCA. D’après les recherches publiques disponibles, « SATRAM-EGCA est une entreprise gabonaise de logistique portuaire en grande difficulté, touchée par des litiges de succession et une faillite constatée qui a conduit à une liquidation judiciaire. » À cela s’ajoutent des conflits internes, dont une grève en 2025 ayant entraîné le licenciement de neuf délégués du personnel.

Dès lors, on comprend que le véritable problème ne vient pas d’EBOMAF, mais bien de la dérive structurelle de SATRAM-EGCA : une entreprise minée par des querelles successorales depuis la disparition de son fondateur, Lahcen Jakhoukh, et plombée par une mauvaise gouvernance chronique, une insolvabilité notoire et une série de conflits sociaux.

En 2024 déjà, une tentative de relance avait échoué, aggravant davantage la situation financière. Finalement, la justice a tranché : la Première chambre de la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) de l’OHADA a prononcé, en juin 2025, la mise en liquidation judiciaire de SATRAM et d’EGCA, après l’échec des tentatives successives de redressement.

Ainsi, les faits sont clairs : SATRAM-EGCA n’existe plus que sur le papier. Les gesticulations médiatiques d’Olivier Nzue ne sont que les dernières convulsions d’un corps moribond. Ce faux procès intenté à EBOMAF n’est, en réalité, qu’une diversion visant à détourner l’attention d’une faillite désormais consommée.

EBOMAF, symbole d’un capitalisme africain structuré

Pendant que SATRAM-EGCA s’enlise, EBOMAF, de son côté, s’impose comme une entreprise panafricaine de référence dans le secteur des BTP, reconnue pour son expertise et son sérieux. Présente dans plusieurs pays de la sous-région, l’entreprise de Mahamadou Bonkoungou a su créer des emplois, investir massivement et répondre aux standards internationaux de performance.

Dès lors, accuser EBOMAF de spoliation ou de manipulation administrative relève du procès d’intention, voire de la mauvaise foi. Il est évident que Mahamadou Bonkoungou n’est nullement responsable des déboires internes de SATRAM-EGCA. Si cette société est en ruine, c’est bien parce qu’elle a été dévorée de l’intérieur par la mauvaise gestion et les querelles intestines de ses propres dirigeants.

En définitive, l’affaire du terminal d’Antarès ne révèle pas un scandale de dépossession, mais plutôt le désarroi d’un groupe en déclin cherchant à masquer sa faillite morale et financière derrière un ennemi commode.

D’un côté, une entreprise panafricaine solide, créatrice d’emplois et respectueuse des institutions gabonaises ; de l’autre, une structure exsangue, en quête d’un bouc émissaire.

La justice gabonaise a tranché, et le droit a parlé. Ce n’est pas un complot, encore moins une expropriation : c’est tout simplement le triomphe de la légalité sur la manipulation.

 

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