En décidant, il y a quelques semaines, de réclamer la tête du directeur du Centre d’examen des permis de conduire, les responsables des auto-écoles ont-ils ainsi peur de désigner les véritables problèmes du secteur qui constituent des goulots d’étranglement empêchant son épanouissement ? Il faut considérer que le directeur du centre paraît la cible la plus facile à atteindre pour ces acteurs du département des transports terrestres. Un manque d’objectivité qui fait réagir le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises et industries (CGPMEI), Emmanuel Marcos Zué Meyé Eyené, à la suite des déclarations de certains mettant en cause la mauvaise qualité du travail fourni par Oscar Mapangou à la tête de cette direction depuis plusieurs années.
Le permis de conduire étant le sésame que toute personne désireuse de se mettre au volant d’un véhicule doit posséder, les auto-écoles estiment que les comportements mafieux ont légalisé l’attribution par des voies détournées du permis en lieu et place des formations aboutissant au passage d’examens qui donnent droit à l’obtention de ce précieux sésame. Une situation qui met en péril l’existence des auto-écoles depuis plusieurs années.
Le président de la CGPMEI s’est ainsi exprimé sans langue de bois au sujet des failles constatées dans le processus d’attribution du permis de conduire : “Je comprends parfaitement le désarroi de certains acteurs du secteur de la formation à la conduite automobile. Mais ce que j’ai du mal à m’expliquer, c’est pourquoi ils ont attendu plus de vingt ans avant de s’exprimer. Vingt ans durant, ils ont laissé pourrir la situation et ils veulent soudain faire croire à l’opinion publique que les maux dont souffre l’obtention du permis de conduire ont commencé aujourd’hui. Ce qui est faux. Depuis le départ de Paulette Missambo en tant que ministre en charge des Transports, tous les ministres qui se sont succédé ont attribué des permis de conduire politiques à leurs électeurs. Cette pratique politicienne a contribué à fragiliser le processus d’obtention de ce sésame. C’est depuis cette époque que les auto-écoles auraient dû commencer à crier au scandale. Souvenez-vous qu’en 2012, la direction générale des Transports terrestres, sous l’autorité de Célestin Ndoh-Lianaud, avait initié le passage d’examens à la pratique de conduite de taxi. Des milliers de taximen avaient ainsi payé des sommes d’argent pour le passage de cet examen, sans avoir été préalablement formés. Dès lors, des sessions d’attribution de permis se sont multipliées, sous le regard complice des responsables d’auto-écoles qui s’en donnaient d’ailleurs à cœur joie, moyennant des sommes importantes prises aux impétrants”, a-t-il déclaré.
Avant de situer : “La dernière en date, qui démontre l’insensibilité des responsables des auto-écoles et qui me fait dire que ces déclarations ou accusations sont orientées, est l’annonce faite par le ministère des Transports d’organiser des sessions de passage d’examens de permis de conduire de la période allant de mars à juin 2024. La question que les auto-écoles auraient dû se poser, et que même les Gabonais lambda se posent aujourd’hui, est de savoir à quel moment les impétrants à ces examens ont été formés? Voilà où se situe le débat aujourd’hui, dans cette affaire. Le reste n’est que distraction.”
En définitive, les récentes tensions entre les responsables des auto-écoles et la direction du centre d’examen des permis de conduire révèlent des dysfonctionnements profonds et anciens au sein du secteur des transports terrestres au Gabon. Plutôt que de se focaliser sur des boucs émissaires, il est impératif d’aborder les véritables problèmes de fond, tels que la corruption et les pratiques politiciennes qui minent le processus d’attribution des permis de conduire. Seule une réforme structurelle, portée par une volonté politique forte et l’engagement de tous les acteurs du secteur, permettra de restaurer l’intégrité et la crédibilité du système. Ce qui permettrait de garantir la sécurité routière et l’avenir des auto-écoles.