Chargement en cours

Paludisme/Gabon: vigilance renforcée dans les provinces à risque

Par Stive Roméo Makanga

Alors que le paludisme demeure l’une des premières causes de morbidité au Gabon, les données régionales et internationales récentes confirment la persistance d’un fardeau élevé, avec des signaux localisés de recrudescence dans certaines provinces. Si aucune alerte nationale unique n’a encore été émise par les autorités sanitaires, les tendances relevées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les services diplomatiques appellent à une vigilance renforcée.

 

Un fléau toujours endémique

 

Selon le World Malaria Report 2024, le Gabon reste un pays à forte endémie palustre. L’incidence a connu une hausse notable entre 2022 et 2023, passant de 41,9 pour 1 000 habitants à près de 56 pour 1 000 dans certaines bases de données épidémiologiques. Ces chiffres, confirmés par le rapport national 2023 de l’OMS, traduisent une fragilité du dispositif préventif et curatif, aggravée par des difficultés logistiques.

 

Des signaux locaux de recrudescence

 

Au cours des derniers mois, plusieurs services de conseils aux voyageurs ont rapporté une hausse des cas dans certaines provinces, notamment l’Ogooué-Lolo, la Ngounié et le Haut-Ogooué. Ces informations, qui ne constituent pas encore un bulletin épidémiologique officiel, illustrent néanmoins les vulnérabilités saisonnières et structurelles auxquelles le pays reste confronté.

 

Des fragilités structurelles

 

Le Plan national de développement sanitaire (PNDS 2024–2028) identifie plusieurs points critiques : baisse de la couverture en moustiquaires imprégnées, interruptions des campagnes de lutte anti-vectorielle, et ruptures récurrentes dans l’approvisionnement en antipaludiques. Ces lacunes compromettent la prévention et favorisent l’émergence de foyers épidémiques.

 

Une mobilisation en cours

 

Face à ces constats, les autorités gabonaises, appuyées par l’OMS et le Fonds mondial, multiplient les initiatives : campagnes de distribution de moustiquaires, intensification de la sensibilisation, renforcement du diagnostic rapide et réorganisation de la chaîne d’approvisionnement. Lors de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2025, le ministère de la Santé avait rappelé l’urgence d’« intensifier les interventions pour réduire la mortalité infantile et améliorer la résilience sanitaire des communautés ».

 

Un enjeu de gouvernance sanitaire

 

Pour les experts, il s’agit désormais de consolider la transparence des données épidémiologiques et d’accélérer la production de bulletins provinciaux hebdomadaires. Une meilleure lisibilité des chiffres permettrait de guider les actions ciblées et d’éviter les improvisations. Les associations locales de santé insistent par ailleurs sur l’importance d’impliquer les communautés dans la sensibilisation et la distribution des moyens de prévention.

 

Une responsabilité collective

 

En attendant une communication plus détaillée du ministère de la Santé, les messages de prévention demeurent inchangés : dormir sous moustiquaire, consulter rapidement en cas de fièvre et respecter les traitements prescrits. Comme le rappelait un responsable du PNDS, « la lutte contre le paludisme ne peut réussir que si chaque acteur, de l’État aux familles, joue pleinement son rôle ».

 

Laisser un commentaire