Par Stive Roméo Makanga
Très actif sur le terrain politique ces derniers mois, le chef des patriotes a été convié mercredi 24 août courant au Congrès constitutif du consortium des organisations de la société civile pour la transparence électorale et la démocratie au Gabon. Sa prise de parole, très largement saluée par l’ensemble des acteurs, partie prenante de cet événement, a fait le point de tout.
Saluant l’organisation des assises, lesquelles ont pour objectif de coaliser et mutualiser certaines organisations non gouvernementales et les principaux acteurs investis dans le cadre de l’amélioration du processus électoral imminent, qu’ils souhaitent démocratique, libre et transparente, Alexandre Barro Chambrier (ABC) a à son tour, tout en autopsiant l’existant, fait une kyrielle de propositions, qu’il trouve opportunes.
Pour le leader du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), du reste invité à présenter la vision et l’engagement de la formation politique qu’il dirige en ce qui concerne la crédibilité et la transparence de l’élection présidentielle de 2023, il s’agit aujourd’hui d’une remise à plat de tout.
“La dernière élection présidentielle de 2016 a (…) révélé à la face du monde un degré inimaginable de fraude avec une manipulation abjecte des résultats, une violence inouïe, une répression sauvage et une violation intolérable des droits de l’homme”, a-t-il fait observer, se permettant en outre de reprendre une expression formulée par un prélat : “ils ont déclaré admis un échoué”.
Le fils Chambrier est formel: Jean Ping, alors candidat à ce scrutin, a largement devancé dans les urnes le président candidat. Une réalité confortée par le rapport de la mission d’observation électorale de l’Union Européenne, et celui des nombreux observateurs et représentants dans les bureaux de vote, des commissions locales des élections.
Un fait qui, de son observation, a élargi le fossé de la division entre gabonais, aggravé le manque de légitimité au sommet de l’État, et renforcé le taux d’abstention, la classe politique étant désormais décrédibilisée auprès des populations.
“Aujourd’hui, le pays est bloqué car ceux qui exercent le pouvoir n’emportent pas l’adhésion du grand nombre et le pays régresse dans tous les domaines, alors qu’il dispose d’atouts qui lui permettraient, à l’instar d’autres pays de niveau comparable d’enregistrer de substantiels progrès économiques et sociaux”, a-t-il estimé.
Relevant la détresse des populations de l’arrière pays, avec lesquelles il a tissé depuis plusieurs mois une proximité toute particulière, Alexandre Barro Chambrier a relevé le désintérêt de ces derniers pour les grands rendez-vous électoraux.
“Certains pensent de plus en plus, ici et là, que le bulletin de vote ne sert à rien et qu’il n’y a que par la force et le soulèvement populaire que le changement est désormais possible, face au refus des tenants actuels du pouvoir d’accepter le jeu démocratique et de travailler dans l’intérêt des populations et du pays”, a-t-il déclaré, non sans inviter les plus hautes autorités à l’accentuation d’un travail de “persuasion”, indispensable pour redonner confiance aux gabonais, et que, conséquemment, ils s’intéressent de nouveau aux élections politiques.
“Avec la bonne volonté et la mobilisation de tous, le suffrage électoral populaire, peut, dans la paix et des règles acceptables, nous permettre d’aboutir à l’alternance recherchée”, a-t-il estimé, formel, tout en rappelant les démarches entreprises par ses soins auprès de la classe politique de l’opposition, laquelle a rédigé et procédé au dépôt d’un plaidoyer relatif à la réforme du système électoral national auprès de la Cour constitutionnelle et le ministère de l’intérieur.
Une démarche qui n’a pas prospéré depuis, les institutions saisies n’ayant manifestement pas souhaité examiner les propositions ainsi formulées.
“Il convient de rappeler d’une part, que la présidente de la Cour constitutionnelle avait lancé aux leaders politiques un appel à faire connaître les améliorations souhaitées au système électoral actuel et d’autre part, que le pouvoir avait accepté, suite au rapport d’observation de la mission de l’Union Européenne de procéder aux réformes attendues qui touchent à la fois les opérations préélectorales, électorales et post électorales”, a-t-il fait savoir.
Pour ABC, le dialogue politique d’Agondje, tenu en 2017 peu après le scrutin présidentiel très contesté de 2016, le spectre de la fraude et des violences post électorales n’a pas résolu les vraies problématiques.
“Le pouvoir doit comprendre que le peuple gabonais est suffisamment mature et exige que ses choix soient respectés”, a-t-il déclaré.
Et: “J’appelle par conséquent le pouvoir, à un an de l’organisation des élections générales, à donner des signes de prise de conscience de ses responsabilités et à engager, sans délais, la présentation du processus électoral avec les partis politiques, toutes tendances confondues, et avec la société civile, afin de regarder ensemble ce qu’il faut améliorer”, a-t-il requis.
Cette concertation permettrait, de l’avis d’Alexandre Barro Chambrier, d’annihiler toute tentative de fraude électorale, et d’organiser des élections “aux lendemains apaisés”.
“Je veux que toutes les forces vives de la nation brisent ensemble le cycle infernal qui veut qu’au Gabon les élections se soldent par des pertes regrettables en vie humaines. Nous devons tous nous y engager. C’est pourquoi je salue également l’idée de la signature d’un code de bonne conduite pour les candidats aux élections politiques au Gabon”, a-t-il renchéri.
Présidentielle 2023: ABC invite le pouvoir à l’amélioration du processus électoral pour un scrutin apaisé
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