Par Joseph Mundruma
Avec une incidence de pauvreté évaluée à 33,4%, en 2021, ce nonobstant le niveau de PIB/tête (8017 USD), tous les indicateurs sociaux du Gabon sont au rouge.
Des données fiables, livrées par la Banque mondiale, et qui illustrent au plus haut point le manque d’objectivité dans les décisions prises par l’Exécutif gabonais dans la période de 2016 à 2023.
Pour l’institution internationale, faisant le point de ces indicateurs pour le compte du Gabon, il résulte que le taux de chômage s’est considérablement aggravé du fait des mesures restrictives entérinées durant la covid-19.
De 18,5%, en 2017, il est aujourd’hui à 38% chez les jeunes, depuis 2022, soit une hausse de près de 20% en 5 ans, conformément aux données de l’OIT.
Si l’on s’en tient à l’analyse de Mays Mouissi, malgré les promesses de création d’emplois, le premier septennat d’Ali Bongo Ondimba a enregistré une destruction trop importante de ces derniers .
“L’objectif de réduction du chômage de masse a même été érigé au rang de priorité de l’action gouvernementale par le Président de la République qui s’était engagé devant la nation à créer 10 000 emplois par an[1] en 2017 avant de revoir cet objectif à la hausse en instruisant solennellement, en 2020, le Gouvernement de Madame Rose Christiane Ossouka Raponda de créer 30 000 emplois[2]”, considère l’économiste.
“Plus récemment, en aout 2022, le Président Ali Bongo Ondimba, a de nouveau instruit le Gouvernement de mettre en place un dispositif qui permettrait de créer 100 000 emplois d’auto-entrepreneurs[3]. Cependant, en dépit des discours et de la volonté que semble afficher le Chef de l’exécutif gabonais de réduire le chômage, l’analyse des statistiques nationales relatives à l’emploi montre que le Gouvernement gabonais ne parvient pas à créer des emplois, bien au contraire”, déduit-il.
Ainsi, entre 2017 et 2021, Mays Mouissi note plus de 16721 emplois détruis. “Entre 2017 et 2021, le nombre d’emplois formels enregistrés au Gabon est passé de 200 329 à 183 608 emplois. Le solde net des destruction d’emplois s’est établi à 16 721 unités au cours de cette période soit un recul de 8,3% sur 5 ans”, note-t-il.
Et: “Les destructions d’emplois concernent aussi bien le secteur public que le secteur privé formel. Dans le secteur public, 9 457 emplois ont été détruits entre 2017 et 2021 faisant passer les effectifs publics de 109 752 à 100 295 agents soit un recul de 8,6% sur 5 ans”.
Une destruction que l’économiste impute au gel des recrutements dans l’administration publique, le dégrossissement de la main d’œuvre non permanente, et le non-remplacement des départs en retraite dans l’administration.
Loin de manquer d’arguments, l’étude de Mays Mouissi établit que “Dans le secteur privé formel, 7 264 emplois ont été détruits entre 2017 et 2021. Cette baisse de 8% du nombre d’emplois privés est directement imputable au faible dynamisme économique du Gabon marqué notamment par de faibles taux de croissance de son PIB, le recul de l’investissement public depuis 2017, la crise née du covid-19 qui a affecté l’économie nationale en 2020 et plus généralement par l’environnement des affaires gabonais réputé difficile qui affecte les performances des entreprises”.
Un échec qui s’explique par l’incapacité du président de la République à impulser une vraie dynamique d’action et de résultats, qu’il s’agisse du secteur privé ou public. Qu’importe.
Il est donc évident, au regard de la forte dégradation de l’emploi au Gabon, sur 14 ans, qu’un 3e mandat d’Ali Bongo Ondimba soit le pire des scénarios envisageables.