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Quand les bourreaux veulent passer pour des victimes: Grégory Laccruche Alihanga charge Sylvia Bongo Ondimba et Noureddine Bongo Valentin  - Kongossa News
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Quand les bourreaux veulent passer pour des victimes: Grégory Laccruche Alihanga charge Sylvia Bongo Ondimba et Noureddine Bongo Valentin 

Par Stive Roméo Makanga

Parfois, le silence devient un mensonge. Grégory Laccruche Alihanga l’a longtemps gardé, ce silence, par dignité, écrit-il. Mais, après quatre années d’isolement carcéral, et quelques mois d’un improbable retour à la lumière, il choisit la plume. Et c’est une déflagration.

Dans une “lettre ouverte aux amnésiques”, publiée sur ses réseaux sociaux, l’ancien maire d’Akanda règle ses comptes avec une précision chirurgicale, une colère froide, et un art consommé de la formule. Une charge, sans fioriture ni euphémisme, contre ceux qu’il accuse d’avoir « incarné l’oppression », et qui aujourd’hui « se parent des habits de victimes »: Sylvia Bongo Ondimba et Noureddine Bongo Valentin.

Car voilà que, dans le Gabon de la Ve République, certains de ses anciens bourreaux découvrent soudain la défense des droits humains. Ceux-là mêmes, écrit-il, qui l’ont « broyé » dans un système qu’ils ont eux-mêmes érigé et défendu. Cette inversion des rôles, dénonce-t-il, est « indécente ».

Un témoignage glaçant

Grégory Laccruche Alihanga raconte son arrestation en novembre 2019, sous prétexte de l’opération “Scorpion”. En réalité, explique-t-il, il aurait refusé d’obéir à Nourredin Bongo Valentin, qui lui aurait demandé de « trahir son sang » en fabriquant de fausses accusations contre son frère Brice Laccruche Alihanga, l’ancien directeur de Cabinet d’Ali Bongo Ondimba, président déchu le 30 août 2023. Sa réponse ? Un refus catégorique. Trois jours plus tard, il était derrière les barreaux.

Commence alors ce qu’il décrit comme quatre années d’oubli judiciaire, sans procès, sans audience, sans visite. Enfermé dans une cellule de 6 m², privé de lumière, de soins et de tout contact extérieur. Une détention qualifiée d’arbitraire par l’ONU dès 2020, mais à laquelle le régime Bongo répondait, laconiquement, que « la justice gabonaise est souveraine ».

Le récit est précis, documenté, glaçant. La mécanique est connue : menaces sur ses proches, tentatives d’extorquer une confession, isolement physique et psychologique. Sa mère, dit-il, victime de deux AVC ; son frère Brice, laissé pour mort, rongé par la maladie ; lui-même, ayant perdu la vue à force d’obscurité avant qu’une intervention ne le sauve in extremis.

Un retournement qu’il ne digère pas

Mais c’est moins la violence du passé que l’hypocrisie du présent qui le fait sortir de sa réserve. Ceux qui aujourd’hui « pleurent à l’ONU » et dénoncent des « traitements de chien », écrit-il, sont les mêmes qui hier, dans un cynisme qu’il dénonce comme pur, orchestrait les humiliations, la torture et la séquestration.

Dans un style plus que pertinent, Gregory Laccruche Alihanga décrit cette époque où « ils n’ont pas défendu la justice, ils l’ont étranglée », et où ceux qui désormais invoquent la dignité « ont piétiné la liberté ». Et de promettre : il usera « de tous les recours, nationaux et internationaux, pour que ceux qui ont bafoué nos droits ne puissent jamais les réécrire à leur propre avantage ».

Dans sa publication fortement partagée sur les réseaux sociaux, Grégory Laccruche Alihanga ne se pose pas en martyr, ni en saint. Son ton est celui d’un témoin. Il écrit, dit-il, « pour ceux qu’on a fait taire », et appelle la communauté nationale et internationale à ne pas tomber dans le piège d’une narration inversée où les bourreaux d’hier (Sylvia Bongo Ondimba et Noureddine Bongo Valentin) endossent aujourd’hui les oripeaux des victimes.

Ceux qu’il accuse se défendront sans doute, et diront que la vengeance n’éclaire jamais l’avenir. Peut-être. Mais le témoignage d’un homme qui, pendant quatre ans, a vécu dans le néant mérite d’être entendu. Ne serait-ce que pour rappeler que dans une histoire récente, que certains voudraient déjà réécrire, il reste encore des vérités à dire.

Et, en démocratie, rien n’est plus dangereux que les mémoires sélectives.

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