Les conséquences du manque du sommeil sont le plus souvent sous-estimées ou insoupçonnées. Les plus récentes études scientifiques montrent comment une seule nuit de moins de 6h de sommeil a des effets physiques et psychologiques, sur notre santé et nos émotions.
Nous avons besoin de dormir en moyenne 7 à 8 heures par nuit. En dormant moins de 6h une nuit, nous sommes déjà en manque de sommeil. Et la moitié des personnes fatiguées ou souffrant de somnolence estiment que c’est à cause du manque de sommeil.
De nombreuses études scientifiques ont démontré différents effets d’une durée insuffisante de sommeil.
Il y a d’une part la baisse des défenses immunitaires.
La privation de sommeil affaiblit la fonction immunitaire. Une étude de la Carnegie Mellon University a prouvé qu’une nuit de sommeil de moins de 7h multiplie par 3 le risque d’attraper un rhume.
Il y a la prise de poids.
Le manque de sommeil augmente l’appétit pour de grosses portions d’aliments très caloriques. La faute à la surproduction de ghréline, hormone de l’appétit et la baisse de leptine, hormone de la satiété. L’étude NutriNet Santé INSV/MGEN de 2015 a montré que le risque d’obésité chez les personnes dormant moins de 6h est augmenté de 50 % chez les hommes et 34% pour les femmes.
Il y a les troubles métaboliques.
Une durée de sommeil inférieure à 7 heures est associée à une élévation du risque de diabète.
Les troubles cardiovasculaires.
Les sujets dormant moins de 6 heures par nuit ont un risque élevé de 15% par rapport à ceux ayant une durée normale de sommeil d’être atteint d’une maladie cardio-vasculaire.
Il y a le risque accru d’accident en rapport avec la somnolence excessive et trouble de la vigilance.
Une nuit de peu d’heures de sommeil entraîne une mauvaise coordination œil-volant (recherche de la Manchester Metropolitan University).
Dormir moins de 6h la nuit multiplie par 3 le risque d’accident de la route.
Il y a la perte de concentration.
L’étude de l’université Williamette aux États-Unis a montré les effets du manque de sommeil sur l’attention sélective, notamment la difficulté de se focaliser sur une seule information à la fois.
Il y a aussi les difficultés de mémorisation et d’apprentissage.
Le sommeil joue un grand rôle dans le phénomène de mémorisation, le tri des nouveaux apprentissages. Le manque de sommeil empêche cette consolidation de la mémoire.
Il y a le mal-être et les difficultés relationnelles.
Le manque de sommeil entraîne des troubles de l’humeur et irritabilité. Une intéressante étude du journal de la renommée fondation américaine SLEEP a montré également que les personnes manquant de sommeil éprouvaient une tristesse, un abattement qui se voyaient jusque sur la peau de leur visage, et se sentaient effectivement moins attirants.
Il y a enfin, la mortalité.
L’association entre durée de sommeil nocturne et risque de mortalité est caractérisé par une courbe en U, avec risque le plus élevé chez le court et le long dormeur.
En outre, le manque de sommeil a également un fort impact sur l’émotivité et le contrôle émotionnel.
Une grande étude américaine menée conjointement en 2007 par les Universités de Californie, Berkeley et l’école de médecine d’Harvard a enregistré par IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) les centres émotifs du cerveau. Les résultats ont montré que lors d’une privation de sommeil ces zones cérébrales sont 60% plus réactives qu’après une bonne nuit de sommeil : la réponse émotionnelle est peu contrôlée et adaptée au contexte.
Une toute récente étude israélienne de l’Université de Tel-Aviv est allée plus loin pour essayer de comprendre la relation entre manque de sommeil et émotions. Là aussi, la recherche s’est faite à l’aide d’IRMf afin d’analyser l’intéraction entre différentes zones de notre cerveau face à des images neutres, de charge émotionnelle positive ou négative.
Les volontaires ayant passé une nuit sans dormir ont montré des réactions émotionnelles disproportionnées, même face aux images neutres.
En cause, deux régions du cortex cérébral qui ne parviennent plus à se synchroniser : l’amygdale, zone cérébrale associée aux émotions, habituellement régulée par le gyrus cingulaire. D’où un manque de contrôle sur les émotions en cas de manque de sommeil, maintenant prouvé scientifiquement.
Le manque de sommeil a les mêmes effets que boire trop d’alcool ! Selon Charles Czeisler, spécialiste américain du sommeil, professeur à l’école de médecine d’Harvard, une seule nuit sans sommeil ou une semaine à dormir 5 heures par nuit nous plongent dans le même état qu’un taux de 0,1% d’alcool dans le sang.
Pauline Ntsame