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Scandale électoral dans le 5ᵉ arrondissement : le président de la commission aurait pris la clé des champs

Par Cadette Ondo Eyi

L’indignation ne faiblit pas dans le 5ᵉ arrondissement de Libreville, au lendemain du premier tour des élections législatives et locales. Dans une déclaration vibrante et sans concession, Arsène Édouard Nkoghe Nze, tête de liste de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), a vigoureusement dénoncé des irrégularités manifestes dans la centralisation et la publication des résultats. Selon lui, les procès-verbaux (PV) issus de plusieurs bureaux de vote auraient été tout simplement falsifiés.

Cette réaction fait écho à celle de Paul Bovis Ngome Ayong, lui aussi candidat UDB aux législatives au 2e siège de ce même arrondissement, le samedi dernier, qui dénonce également de nombreuses anomalies survenues dès les premières heures du scrutin. Selon lui, les bulletins de vote du candidat UDB aux législatives étaient absents de presque tous les bureaux de vote, alors que tous les autres bulletins étaient bel et bien disponibles.

Il cite notamment l’école publique d’Ozoungué et l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) où, en milieu de journée, les opérations n’avaient même pas encore démarré, faute de bulletins. Même situation à l’’école Sainte Thérèse, où les votes ont commencé avec un retard considérable pour les mêmes raisons.

Pour lui, cette situation ne peut être perçue que comme une tentative délibérée d’écarter les candidats de l’UDB de la compétition, ce qui serait gravissime.

Dans sa prise de parole, Arsène Édouard Nkoghe Nze ne s’est pas contenté d’accusations générales. Il a cité avec précision plusieurs bureaux de vote où les résultats affichés sur place, immédiatement après le dépouillement, ne correspondent en rien à ceux retranscrits à la mairie. À l’école publique d’Ozangué, par exemple, la liste UDB aurait obtenu 22 voix contre 12 pour le PDG (Parti Démocratique Gabonais), selon les PV authentiques. Pourtant, à la mairie, les résultats seraient miraculeusement inversés. Même scénario dans le bureau 2 des législatives, où la candidate UDB au 1er siège, forte de 50 voix selon les PV originaux, n’en recueillerait plus que 3 sur les documents officiels consultables à la mairie.

Plus grave encore, au bureau de vote numéro 4 de l’école publique de Mindoubé, la même candidate aurait obtenu 50 voix, mais son nom ne figure tout simplement plus sur le procès-verbal affiché à la mairie. Un effacement pur et simple qu’il qualifie de « fraude caractérisée ».

Face à ces graves irrégularités, un fait renforce encore le climat de suspicion : le président de la commission électorale locale du 5ᵉ arrondissement, Elie Nazaire Obiang Bekale, est, selon plusieurs sources, « porté disparu ». Injoignable depuis la fin du scrutin, sa disparition alimente les spéculations les plus préoccupantes. Les candidats UDB exigent qu’il s’explique sans délai sur ces manipulations qui sapent la crédibilité du processus électoral.

Informée de la situation chaotique, madame le gouverneur de la province de l’Estuaire, par ailleurs présidente de la commission électorale provinciale, s’est rendue en personne à la mairie du 5ᵉ arrondissement pour constater l’étendue du désordre. Sa présence sur le terrain témoigne de la gravité des faits rapportés et de la volonté des autorités provinciales de rétablir l’ordre dans cette confusion généralisée.

Au-delà du 5ᵉ arrondissement de Libreville, ces dysfonctionnements sont loin d’être isolés. Des figures politiques nationales de premier plan, telles que Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre de la Transition, et Julien Nkoghe Bekale, également ex-chef du gouvernement, s’indignent avec fermeté des nombreuses irrégularités recensées sur l’ensemble du territoire. Les deux hommes appellent à une remise en question sérieuse des mécanismes électoraux.

Ces accusations, appuyées par des preuves matérielles – copies de procès-verbaux et photos des affichages – remettent en cause la sincérité du scrutin. Elles interviennent dans un contexte où le chef de l’État, chef du gouvernement lui-même avait pourtant appelé de ses vœux des élections « calmes, apaisées et transparentes ». La réalité du terrain, comme le dépeignent Arsène Édouard Nkoghe Nze, Paul Bovis Ngome Ayong et bien d’autres est tout autre : retards considérables dans l’ouverture des bureaux de vote, confusion dans la répartition des bulletins entre sièges, scrutateurs choisis sur des critères « familiaux » plutôt que sur la compétence.

La conséquence est limpide : une perte de confiance profonde dans l’ensemble du dispositif électoral, que seule une action ferme et immédiate des autorités peut enrayer. Pour Arsène Édouard Nkoghe Nze une seule solution demeure envisageable : un recomptage des voix dans le 5ᵉ arrondissement, assorti d’une enquête administrative approfondie sur les responsabilités individuelles dans cette situation inacceptable.

Dans un pays en quête de renouveau démocratique, ces dérives apparaissent comme un retour en arrière préoccupant. L’heure est à la vérité. Les citoyens attendent des actes, pas des discours.

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