Scandale électoral : la veuve Mavioga dénonce la résurrection des listes invalidées sous l’œil complice de la CNOCER
Par Stive Roméo Makanga
À quelques jours des élections prévues le 27 septembre, la transition gabonaise, censée incarner un sursaut démocratique et moral, semble rattrapée par les vieux démons d’un système qui n’a jamais cessé de piéger la République. Dans une lettre ouverte au président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, Anna Claudine Ayo Assayi, veuve Mavioga, sonne l’alarme : « certains actes posés par vos collaborateurs, ainsi que certaines décisions institutionnelles, semblent aller à l’encontre de cette noble ambition. Ils ne changent pas les choses : ils les empirent. »
Des listes de candidatures recalées par la Cour administrative continueraient de figurer dans la compétition électorale. Une anomalie grave, qui fait voler en éclats la crédibilité du processus en cours. « certaines listes de candidatures, pourtant recalées par la Cour administrative, sont toujours maintenues dans la compétition électorale. » déclare la leader du BDC.
Dans un État de droit digne de ce nom, les décisions de justice ne se discutent pas : elles s’appliquent. Pourtant, au Gabon, la Cour administrative semble avoir rendu ses arrêts pour rien. Comment expliquer que des listes invalidées ressurgissent par la grâce d’on ne sait quelle manœuvre opaque ? Faut-il comprendre que les institutions se permettent de corriger la justice à leur convenance ? Une telle dérive, si elle venait à être confirmée, ne relèverait pas seulement d’une faute procédurale : elle constituerait une trahison des fondements mêmes de la République.
Dans sa lettre, la sénatrice s’interroge :
« Pourquoi ces listes sont-elles encore en lice ? »
« Quelle est la base juridique de leur maintien ? »
« Où est la transparence que vous appelez de vos vœux ? »
Ces questions, lourdes de sens, traduisent un malaise profond : l’organe chargé de garantir la régularité électorale semble trahir sa mission, en cautionnant (par son silence ou son inaction) une grave entorse aux règles du jeu démocratique.
En effet, la Commission Nationale de l’Organisation des Élections (CNOCER) se retrouve, de fait, au banc des accusés. Cette structure, qui devait garantir transparence et rigueur, donne aujourd’hui le sentiment de jouer un rôle de figurant complice, si ce n’est d’exécutant servile de consignes obscures. À quoi bon prôner l’impartialité et l’équité électorale si la CNOCER s’autorise à maintenir en lice des candidatures illégitimes ? Ses silences et son inertie constituent une insulte au peuple gabonais, à qui l’on promettait un « nouveau départ ».
Le président Brice Clotaire Oligui Nguema a bâti sa légitimité sur une promesse claire : « les choses doivent changer ». Or, à la lumière de ces pratiques inquiétantes, ce serment risque de n’apparaître que comme un slogan creux, destiné à calmer la colère populaire après le renversement d’Ali Bongo. Les illusions s’effondrent, laissant place à une réalité implacable : la continuité des travers, des manipulations et de l’impunité.
Il faut dire qu’Anna Claudine Ayo Assayi, veuve Mavioga affirme n’avoir pas écrit « pour critiquer, mais pour alerter, prévenir et contribuer. »
En adressant sa lettre ouverte, Anna Claudine Ayo Assayi, veuve Mavioga ne parle pas seulement en tant que présidente du Bloc Démocratique Chrétien ou vice-présidente du Sénat de la Transition. Elle parle au nom d’un peuple qui n’a que trop souffert des mascarades électorales. Sa démarche est un avertissement : si la transition échoue à garantir des élections crédibles, alors elle ne sera qu’une parenthèse de plus dans l’histoire de la confiscation démocratique.
À l’approche du 27 septembre, la question est désormais frontale : le Gabon est-il réellement en transition vers un État de droit ou simplement en train de rééditer les mêmes recettes viciées qui ont étouffé la nation pendant des décennies ? En laissant prospérer le flou juridique et les passe-droits, le pouvoir sape sa propre légitimité et détruit l’espérance qu’il avait suscitée.
La transition n’a plus le droit à l’erreur. Si la volonté de rupture est sincère, il faut des actes forts : respect des décisions judiciaires, rappel à l’ordre de la CNOCER, et surtout, l’affirmation claire que nul (qu’il soit allié politique, baron d’hier ou protégé d’aujourd’hui) n’est au-dessus de la loi. Sans cela, les élections du 27 septembre ne seront pas le triomphe de la démocratie, mais l’enterrement de ses derniers espoirs.
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