Silence forcé ou liberté en sursis : que devient Balkissou Hamadama ?
Par Stive Roméo Makanga
Devenue une figure particulièrement très active de la société civile gabonaise, Balkissou Hamadama est aujourd’hui au cœur de toutes les interrogations. En effet, il faut dire que depuis sa prise de position « courageuse » contre le coup d’État du 30 août 2023, qui a renversé le régime d’Ali Bongo Ondimba, la jeune militante semble faire les frais de son indépendance d’esprit. Que devient-elle ? Est-elle en sécurité ? Son engagement critique a-t-il fait d’elle une cible ? Autant de problématiques sans réponses.
Contrairement à l’euphorie ambiante qui avait suivi la chute du régime Bongo, Balkissou Hamadama avait, dans des prises de positions répétées, osé exprimer sa réserve, voire sa désapprobation, face à ce changement de régime par la force. Une posture rare dans un climat marqué par un consensus quasi unanime en faveur du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), dirigé par le général Brice Clotaire Oligui Nguema.
Depuis, son silence intrigue. D’après des sources concordantes, la jeune femme, habituellement active, se montrerait désormais plus discrète, voire méfiante. Selon les mêmes sources, elle nourrirait de vives inquiétudes pour sa sécurité. Certaines rumeurs font état de menaces implicites et de surveillances non assumées, sans qu’aucune autorité n’ait confirmé ou infirmé ces allégations.
À l’ère de la « restauration des institutions » vantée par les nouvelles autorités, la question se pose : y a-t-il encore de la place pour la contradiction au Gabon ? Peut-on exprimer un désaccord sans craindre des représailles ? La situation de Balkissou Hamadama jette une lumière crue sur les limites de la liberté d’opinion dans un contexte de transition politique sensible.
Si le CTRI multiplie les signaux d’ouverture sur la scène internationale et se targue d’un dialogue inclusif au niveau national, il serait paradoxal que l’une des rares voix dissidentes féminines soit réduite au silence, par la peur ou par la menace. Le respect du pluralisme d’opinions demeure l’un des marqueurs essentiels d’un État de droit en construction.
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui s’interrogent : où est passée Balkissou Hamadama ? Est-elle protégée ou inquiétée ? Un pays qui aspire à la démocratie ne saurait se construire durablement sur l’éviction des voix critiques. À défaut, le Gabon prendrait le risque de remplacer une forme d’autoritarisme par une autre, certes plus policée, mais tout aussi intolérante à la dissension.
Nous y reviendrons.
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