Au Gabon, la problématique des familles recomposées se posera toujours comme un élément majeur, parce que sujette à de nombreux dérapages. Un fait qui l’illustre encore si bien dans l’histoire d’Ondine, jeune compatriote âgée de 12 ans au moment des faits.
À Plaine Orety, dans le 2e arrondissement de Libreville, Ondine vit avec sa mère, son jeune frère et leur beau-père. Personne dans leur entourage n’imagine que cette famille compte parmi les nombreuses familles recomposées au Gabon.
En effet, Ondine a 5 ans lorsque sa mère refait sa vie avec un autre homme. Le monsieur, un jeune compatriote, a lui aussi un fils, engendré dans une précédente union.
Avec la maman de Ondine, il en fera un deuxième, quelques années plus tard.
Alors que les voisins ne se doutent de rien et croient tout correct, ils sont loin d’imaginer le lourd secret que porte la petite Ondine.
Toutes les nuits, la gamine est visitée par son beau-père, alors que tout le monde est endormi.
Ce dernier, désireux de satisfaire ses folies sexuelles, quitte la chambre conjugale pour celle des enfants.
Quelques minutes lui suffisent pour tout boucler.
“Il arrivait presque toutes les nuits, couchait avec moi, souvent par l’arrière. Un jour, mon jeune frère, qui n’était pas complètement endormi, avait tout suivi” témoigne la jeune compatriote, aujourd’hui trentenaire.
“J’ai vécu le calvaire. Je ne pouvais rien dire. J’avais très peur de la réaction de ma mère si jamais je le lui disais. De plus, mon père nourricier m’avait menacé de ne rien révéler sinon il me tuerait” indique-t-elle.
“Un jour, j’ai pris mon courage à deux mains. J’avais 17 ans. Je ne supportais plus les visites nocturnes de mon père. Et puis j’avais un petit ami. J’ai d’abord vu ma tante pour tout lui révéler. C’est cette dernière qui a convoqué ma mère pour lui expliquer ce qu’il s’était passé toutes ces années dans sa maison” poursuit-elle.
Et: “Mais cela a été une erreur. Ma mère l’a très mal pris, m’a traité de menteuse et m’a mise à la porte. Chassée, je me suis retrouvée chez ma tante. Elle se sentait un peu responsable de tout cela. Aujourd’hui encore, ma mère et moi ne nous entendons pas. J’ai refait ma vie, je suis maman de deux magnifiques petites filles et très heureuse avec mon homme, qui est informé de tous les sévices que j’ai subi.”
Mais le cas de Ondine est loin d’être isolé. Au Gabon, les histoires similaires foisonnent.
Les familles recomposées constituent très souvent de véritables foyers de ce type de dérapages.
Un recensement fait le point de la société gabonaise, visiblement en déclin.
La famille monoparentale représenterait 39% de la population, suivie de la famille nucléaire, avec 34%.
Selon le même rapport, les familles recomposées se feraient plus rares. Preuve que ce modèle, jadis très en vogue, tombe désormais au profit des familles monoparentales.
Des données qui devraient interpeller les gouvernants sur l’urgence de solutions qui marchent.
Agnès Limori