Par Stive Roméo Makanga
Fin 2019-2022: deux ans déjà que Laurent Skitt Aukenguet s’attèle à redorer l’image de l’entreprise publique jadis lourdement sinistrosée. Cependant, tout l’intérêt est de savoir s’il y arrive vraiment.
SOGATRA, premier transporteur public, dont la dette culminait à plus de 19 milliards de francs CFA, si l’on en croit la confidence, tourne au ralenti depuis belle lurette. Très étrangement, l’entreprise publique gère un peu plus de 800 emplois directs, pour seulement une poignée de bus opérationnels. Quelle rentabilité dans un tel contexte ?
Pis, cette société de l’État s’est vu concurrencer par Trans’Urb et Trans’Akanda, d’autres créations du gouvernement.
Un facteur qui a enfoncé le clou, augmenté le niveau d’asphyxie de la boîte et donné lieu à des revendications incessantes, d’une redondance presque sempiternelle.
En mi-2014, la société avait fait l’acquisition d’une centaine de taxis compteurs, composée de Ford, essentiellement. Aujourd’hui, huit années plus tard, cet investissement constitue désormais un amas d’engins plombés d’innombrables pannes mécaniques.
Parquée à Owendo, cette flotte automobile a fait les frais des intempéries, et pourrait ne plus servir les besoins du projet: le transport public.
Toutes les déconfitures évoquées laissent planer le spectre d’une mort certaine, dans un secteur que les plus hautes autorités ont souhaité totalement maîtrisé et dominé par l’État.
De plus, fait marquant ces derniers jours, le gel du compte de la SOGATRA par la Caisse de dépôt et de consignation (CDC). Ce qui est loin d’abonnir son image, longtemps dégarnie.
Usant d’on ne sait quelle prestidigitation, un tiers est même arrivé à bloquer le compte de la SOGATRA. Un état de fait qui a fait s’interroger plus d’un : cette situation est-elle explicite des limites managériales de Laurent Skitt Aukenguet ou fait-elle l’objet d’un sabotage? Difficile à dire.
Pour autant, de l’avis de sources en interne, le patron de la Société gabonaise de transport (SOGATRA) gèrerait “à l’étroit”, et le blocage de compte de l’entité de l’État qu’il dirige serait le fait d’un compatriote, ancien employé, non content des circonstances et conditions de son départ intervenu en 2018, donc bien avant la prise de fonction de Skitt Aukenguet.
Une situation préoccupante, qui aurait conduit le premier responsable de la boîte à l’introduction d’une série de procédures aussi bien administratives que juridiques, aux fins de remettre les pendules à l’heure.
Pour ce qui est des tasseaux, des sources dignes de foi évoquent la possibilité que l’État, propriétaire de la flotte, entreprenne des réparations pour une remise éventuelle en service, et que, dans le cas contraire, les véhicules seront soumis à une vente publique, le tout encadré par les textes en vigueur.
SOGATRA, entreprises sous tutelle du ministère des Transports, a donc connu une succession de déconvenues qui l’ont fortement alourdies. Et, sur lit de laxisme budgétaire, couplé à une gestion peu orthodoxe de ses différents managers, la société a vu sa situation péricliter au fil des ans, au point qu’un plan de sauvetage est apparu comme l’ultime recours pour remettre ce transporteur public sur les rails.
Si Laurent Skitt Aukenguet, qui peine encore à ajuster avec précision les cordons du violon SOGATRA s’est donné la mission d’y arriver, gageons simplement qu’il y parvienne.