Propos recueillis par Stive Roméo Makanga
Nommé à la faveur d’une session extraordinaire du Conseil Supérieur de la magistrature, André Patrick Roponat avait reçu le témoin de son prédécesseur, Olivier Nzahou, le lundi 25 novembre 2019 au Palais de justice de Libreville, en présence des principales autorités judiciaires de l’époque. Avec lui, nous avons tenu à faire la synthèse de quelques points importants, dans le cadre d’une interview exclusive, ce d’autant que le contexte actuel apparaît particulièrement tumultueux.
Kongossanews : Pour le Procureur que vous êtes, j’imagine qu’il n’est jamais évident de conduire des jugements impliquant les plus hautes personnalités de la République. Comment faites-vous pour rester dans le strict fait du justiciable, sans tomber sous l’influence des lobbies politiques ?
André Patrick Roponat : Le procureur ne conduit pas des jugements mais plutôt des enquêtes. Il convient de même d’ajouter que celles-ci sont menées dans le strict respect de la loi, dans l’impartialité et le secret qui caracterisent lesdites enquêtes.
Et, certainement ajouter aussi que les enquêtes ayant pour but de constater les infractions, identifier les auteurs de celles ci et en rassembler les preuves, le principe du contradictoire est toujours observé et le principe de la présomption d’innocence conduit à mener les enquêtes à charge et à décharge.
Kongossanews : Vous est-il arrivé de subir des menaces d’une façon ou d’une autre, au regard de certains jugements politico-judiciaires d’importance républicaine ayant un impact sur le vivre ensemble et la cohésion du peuple ?
André Patrick Roponat : Je n’ai jamais reçu de menaces, sinon j’aurais saisi mon syndicat pour dénoncer cela.
Kongossanews : En dépit des difficultés enregistrées par les magistrats gabonais sous votre gouvernance judiciaire, est ce qu’on peut dire que les problèmes d’hier ont trouvé des réponses à ce jour ?
André Patrick Roponat: Le syndicat est bien placé pour répondre s’il y a satisfaction aux besoins exprimés.
Kongossanews : Dans le cadre des poursuites contre les citoyens qui ont fait main basse sur l’argent de l’État, le nouveau ministre de la justice a indiqué vouloir s’attaquer aux détournements d’il y a 15 ans en arrière. Finalement en matière de justice, n’existe -il pas une durée par laquelle toute poursuite devient irrecevable ?
André Patrick Roponat : D’abord, il convient de préciser que les détournements de deniers publics constituent un crime.
Ensuite, la prescription n’est atteinte qu’au bout de 20 ans par principe.
Kongossanews : Comment voyez-vous l’avenir de la justice sous la Transition et quel rôle peut-elle jouer pour que cette Transition soit au diapason de tous les gabonais ?
Je reste convaincu et profondément attaché au fait que sous la transition, la justice doit jouer son rôle habituel, qui est celui de participer à la préservation de la cohésion sociale par des décisions justes.