Sylvia et Noureddine Bongo : entre manipulations calculées et compromissions inquiétantes
Par Stive Roméo Makanga
Le feuilleton judiciaire de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddine Bongo Valentin a connu un nouveau rebondissement ce week-end, à la faveur d’une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux. Celle-ci immortalise une rencontre inappropriée entre les deux prévenus et le colonel Ngoussi, responsable de la sécurité à la prison centrale de Libreville. L’échange, enregistré clandestinement par Sylvia et Noureddine, met en exergue et à la fois, des interrogations sur les méthodes des Bongo pour influencer l’opinion publique et sur la probité de certains responsables pénitentiaires.
La première évidence qui frappe à la vue de la séquence est le caractère totalement inapproprié de la rencontre. Le colonel Ngoussi a reçu Sylvia et Noureddine dans son propre domicile situé dans l’enceinte de la prison centrale, à l’écart de tout cadre institutionnel. Une telle initiative, prise sans qu’il ne soit établi que la hiérarchie en ait été informée, constitue une entorse grave aux règles élémentaires de procédure. À ce titre, elle affaiblit non seulement l’image de l’administration pénitentiaire, mais nourrit également des soupçons sur les intentions réelles du colonel, qui apparaît fébrile, peu sûr de son rôle, oscillant entre intimidation maladroite et soumission embarrassante.
L’ombre de la corruption
Tout au long de l’échange, le colonel Ngoussi laisse transparaître une attitude ambiguë. Manifestement intimidé, il n’hésite pas à rappeler à Noureddine un « service » refusé dans le passé – un véhicule non mis à sa disposition – et semble entretenir l’espoir d’obtenir des faveurs en dépit de la situation judiciaire délicate des deux prévenus. Cette posture servile et maladroite laisse la désagréable impression que le colonel attend toujours, sous une forme ou sous une autre, un retour d’ascenseur. En cela, il donne l’image d’un fonctionnaire vulnérable aux tentations corruptives, ce qui ne peut que fragiliser davantage la crédibilité de l’institution carcérale. Comme c’est dommage !
Une mise en scène calculée par Sylvia et Noureddine
Face à lui, Sylvia et Noureddine se montrent d’un calme et d’un sang-froid étonnants pour des personnes prétendument victimes de sévices. Aucun signe d’instabilité émotionnelle, de traumatisme ou de stress n’apparaît dans leur comportement, ce qui décrédibilise d’emblée les accusations de torture dont ils se sont faits les chantres. Plus encore, la vidéo semble révéler une tentative délibérée de manipulation. Noureddine cherche ostensiblement à piéger le colonel en lui soutirant une confession sur des actes de torture dont le colonel ignore manifestement tout. L’enregistrement lui-même, réalisé clandestinement, témoigne d’une stratégie réfléchie pour discréditer les autorités judiciaires et carcérales en alimentant une campagne médiatique orientée.
Des accusations sans preuves
La manœuvre des Bongo repose sur des allégations graves, mais non étayées. À ce jour, aucune preuve tangible – qu’il s’agisse de témoignages indépendants ou de rapports médicaux attestant de violences – ne vient corroborer les accusations de torture. Cette absence de fondement concret renforce le sentiment d’une opération cynique, visant à renverser la charge morale sur l’État et à susciter la compassion de l’opinion publique nationale et internationale.
Ce nouvel épisode illustre à quel point le dossier Sylvia et Noureddine Bongo, loin de s’inscrire dans un strict cadre judiciaire, se transforme peu à peu en un affrontement de stratégies d’image, où les manœuvres de communication prennent le pas sur la vérité judiciaire. Un jeu dangereux pour l’État de droit, qui ne doit ni se laisser instrumentaliser ni tolérer que ses propres agents s’écartent du droit chemin.
Nous y reviendrons.
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