Par Stive Roméo Makanga
En essayant de mettre hors circuit Raymond Obame Sima de son poste de premier responsable du Barreau du Gabon, Me Justin Taty s’est fait griller et a écopé de 6 mois de cessation d’activité. Une décision qui ne semble pas avoir eu raison de lui, d’autant que ce dernier tente désormais le tout pour le tout, cette fois-ci en saisissant le Conseil d’État au fin d’annulation du scrutin de janvier 2023.
D’abord, il convient de situer que Me Justin Taty s’est vu très récemment infliger une suspension provisoire de six mois, et deux de ses confrères ont été désignés administrateurs provisoires de son cabinet par l’ordre national des avocats du Gabon. Une décision prise à titre de sanction, pour avoir entrepris de diviser le Barreau, que dirige Me Raymond Obame Sima.
Ensuite, que le “projet de scission du Barreau national”, tel que reproché à Me Justin Taty serait motivé par une volonté occulte d’une frange d’avocats, bien décidés à prendre le contrôle de l’ordre, en invalidant l’élection de Raymond Obame Sima, pourtant remportée à la régulière.
Une opération menée secrètement par les hommes en toges, et dont les contours subtils et occultes ont été révélés par un avocat ayant pris part aux rencontres à huis clos convoquées par Me Justin Taty, dans un somptueux restaurant Librevillois.
S’il est prévu une audition de l’ancien bâtonnier, par le Conseil de l’ordre sur la tentative de “putsch”, il reste que ce dernier, dans une correspondance au Conseil d’État, souhaite obtenir (sur la volonté de ses pairs) l’annulation de l’élection de janvier dernier.
Une probabilité qui tend à devenir plus certaine, ce d’autant qu’il se susurre que le Conseil d’État devrait pouvoir s’exécuter, ce en faisant tomber la tête de Me Raymond Obame Sima.
Sur cette éventualité, ils sont nombreux parmi les avocats, même si pas toujours audibles, à penser que le scrutin de janvier n’a été entaché d’aucune irrégularité et que chacun s’est librement exprimé. Preuve en est des suffrages.
En effet, Me Raymond Obame Sima avait obtenu un total de 68 voix, contre 45 pour Me Sandra Chambrier, son principal adversaire, soit un différentiel de 23 voix entre les deux, et juste 10 voix pour Me Homa Moussavou.
“Comment un scrutin pareil peut-il être contesté ? C’est absurde !”, fait observer un avocat, déçu de l’instrumentalisation abject par lequel Me Justin Taty, soutenu par Me Akumbu et certaines éminences grises du Barreau gabonais, s’est illustré ces derniers temps.
Dans le clan Obame Sima, d’aucun ont une explication logique à l’activisme et aux tentatives de déstabilisation de Me Justin Taty. Il se raconte que ce dernier aurait tenté d’imposer l’inscription d’un de ses fils au Tableau de l’Ordre. Seulement, après avoir fait le constat que ce dernier n’était pas titulaire d’une maîtrise en droit, mais plutôt d’un master en finance comptabilité, son dossier de candidature avait tout simplement été rejeté.
Un épisode que ne semble pas avoir digéré Me Justin Taty.
Plus loin, le clan Taty dénierait Me Raymond Obame Sima pour trois autres raisons.
Premièrement, pour le fait qu’il n’aurait prêté serment que depuis peu. Et donc qu’il serait encore trop jeune pour endosser cette lourde responsabilité.
Deuxièmement, qu’il serait d’ethnie fang. Si l’on en croit la confidence, certains avocats soutiennent qu’après Me Lubin Ntoutoume, l’ancien bâtonnier, un autre fang n’aurait pas dû prendre les rênes de l’Ordre.
Troisièmement, la filiation de Me Raymond Obame Sima à Raymond Ndong Sima, ancien premier ministre et candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2023, dérangerait au plus haut point.
Autant de griefs jugés infondés et répugnant par de nombreux avocats, qui disent être dégoûtés par ces réflexions nauséabondes.
En attendant l’accalmie, tous les regards sont désormais rivés sur le Conseil d’État, qui devrait rendre sa décision sous peu. Nous y reviendrons.