Transports terrestres : Jonathan Ignoumba accusé de freiner la modernisation initiée par son prédécesseur
Par Joseph Moundruma
Le secteur des transports terrestres au Gabon, longtemps en marge des dynamiques de modernisation qui ont marqué d’autres domaines tels que l’aérien et le maritime, fait face à une polémique depuis l’arrivée de Jonathan Ignoumba à la tête du ministère des Transports. Des voix s’élèvent pour dénoncer un freinage apparent des réformes ambitieuses amorcées par son prédécesseur, Loïc Ndinga Moudouma, au sein de cette administration.
Depuis plusieurs décennies, le secteur des transports terrestres reste en proie à de nombreux défis, avec une évolution quasi inexistante et des pratiques éloignées des standards internationaux. La situation persiste malgré les efforts de plusieurs acteurs internes et externes qui avaient placé de grands espoirs dans les initiatives de Loïc Ndinga Moudouma.
Nommé ministre des Transports dans le contexte de transition politique, Loïc Ndinga Moudouma s’était engagé à insuffler une nouvelle dynamique dans ce secteur en s’ouvrant à des idées novatrices et en intégrant de nouveaux acteurs. L’un des moments forts de son mandat a été l’organisation des Assises nationales sur l’exploitation des véhicules poids lourds, les 11 et 12 décembre 2024.
Placé sous le haut patronage du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, cet événement avait réuni des experts venus de divers horizons et permis d’établir une feuille de route ambitieuse pour moderniser les transports terrestres. Les recommandations issues de ces travaux étaient porteuses d’un véritable renouveau pour ce secteur longtemps laissé à l’abandon.
Une paralysie sous Jonathan Ignoumba ?
Cependant, trois mois après cette initiative qualifiée de « grande première », des interrogations surgissent quant à l’avenir des recommandations. À en croire plusieurs sources, Jonathan Ignoumba, nouveau ministre des Transports, aurait ralenti leur mise en œuvre. La raison avancée : des oppositions au sein même de son cabinet et de la Direction générale des transports terrestres.
Des proches collaborateurs du ministre, dont son conseiller et le directeur général des transports terrestres, seraient réfractaires à l’adoption des arrêtés issus des assises. Leur principal argument semble être la crainte de perdre une mainmise sur d’importantes ressources financières. Selon des informations concordantes, plusieurs centaines de millions de francs CFA échappant actuellement aux caisses de l’État pourraient être mieux collectées et reversées au Trésor public si les réformes venaient à être appliquées.
Un détournement des priorités ?
Ces accusations, si elles s’avèrent fondées, traduisent une gestion en contradiction flagrante avec la volonté affichée par les autorités de la Transition de construire un « Gabon nouveau ». Les retards et les blocages dans la mise en œuvre des résolutions des assises risquent de compromettre les avancées prévues pour la normalisation et la modernisation des activités dans les transports terrestres.
Plus inquiétant encore, certains observateurs dénoncent une influence néfaste exercée par des proches du ministre Jonathan Ignoumba. Ces derniers, motivés par des intérêts personnels, privilégieraient le statu quo au détriment des objectifs collectifs de réforme.
Un appel à la vigilance
Face à ces allégations, il revient au ministre des Transports de dissiper les doutes et de clarifier sa position. Il lui incombe de prendre des mesures pour accélérer l’exécution des réformes nécessaires, conformément à la vision du président de la Transition.
Alors que le Gabon traverse une période de refondation politique et économique, le secteur des transports terrestres ne saurait rester à l’écart des transformations indispensables. Toute tentative de sabotage, qu’elle soit volontaire ou involontaire, constitue une menace pour le développement du pays.
En définitive, la vigilance s’impose pour éviter que des intérêts particuliers ne prennent le pas sur l’intérêt général, et pour garantir que les efforts déployés sous Loïc Ndinga Moudouma ne soient pas vains. Le secteur des transports terrestres mérite enfin de connaître un véritable essor, en phase avec les aspirations de modernisation et de transparence prônées par les autorités de la Transition.
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