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TRIBUNE LIBRE: DE LA CONSTITUTION AU GABON

Par Kongossanews

Par Jovanny Moubagna, Juriste Publiciste en Master 2 Recherche Droit Public a l’Université Omar Bongo & Leader d’Opinion

Faut-il supprimer certaines dispositions de la nouvelle “constitution” ? Oui! Pourquoi, quand et par qui ?
À mon avis, certaines dispositions de la constitution doivent être supprimées. Par exemple, la disposition n’autorisant plus les descendants d’un Chef d’Etat d’être Président doit être élaguée. De même, l’affirmation selon laquelle “la fête de la libération(…)…Art.3” devrait être revue si nous sommes cohérents avec nous-mêmes.
En ce qui concerne “les articles intangibles” et le nombre de mandats, il n’est pas nécessaire de les toucher ou de les augmenter; au contraire, une réduction à cinq ans pourrait être plus pertinente .

La forme républicaine de l’État, le principe du suffrage universel, la forme représentative du gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle. Ce principe est un rempart contre toute tentative de personnalisation du pouvoir ou de revisions constitutionnelles.
«Les constitutions ne sont pas des tentes dressées pour le sommeil » disait pierre-paul Royer- collard, philosophe français et homme politique. En effet, il ressort de cette assertion que la constitution, loi fondamentale d’un état, norme suprême, est amenée à évoluer , à s’adapter aux contextes politiques d’une société comme c’est le cas avec le projet de constitution qui sera soumis au référendum auprès des gabonais .

Aujourd’hui , surtout en cette période d’état exceptionnel, Professeurs de droit, philosophes, politistes, députés,sénateurs,avocats,ministres,journalistes…chacun dans son domaine, commentent longuement la future constitution, cherchent dans le droit naturel ou le droit positif la justication de son existence, analysent les effets futurs de cette “Constitution”. Dans le jeu politique, puissent dans les principes constitutionnels de nouveaux moyens sont introduits notamment des véroux (articles intangibles…art.42; 43;etc..) pour renforcer la justice constitutionnelle, l’Etat de droit et la démocratie pour y trouver la voie d’une législation solide, apprécient les reactions politiques et “aident” l’opinion publique à se forger une image de son caractère imparfait puisque aucune œuvre humaine n’est parfaite…”La nouvelle constitution” bien qu’imparfaite, comme plusieurs autres dans le monde, elle donne la possibilité au peuple gabonais la responsabilité de dire “Oui/Non”. Or, contrairement à celle du 26 mars 1991 avec plusieurs revisions constitutionnelles , celle-ci , offre un esprit contraire à celle de 91.

Une Constitution doit être faite de manière à ne pas gêner l’action du gouvernement et à ne pas le forcer à la violer. Aucune Constitution n’est restée telle qu’elle a été faite. Sa marche est toujours subordonnée aux hommes et aux circonstances.
Ceux qui ignorent l’histoire pensent que la situation actuelle de l’Occident est le fruit de l’action de la génération présente. Or, dans le passé, ils ont été confrontés aux mêmes défis que nous, mais ils ont compris que le changement est synonyme de développement. Ce changement permet d’éliminer de nombreux problèmes liés à la gestion publique, tandis que le maintien prolongé au pouvoir engendre souvent des dérives.

La constitution peut être amendée lorsque cela s’avère nécessaire, par un pouvoir qui a la confiance du peuple, exemplaire, respectueux de l’État de droit, et non par un gouvernement corrompu, imbibé de détournements. L’obsession de certains dirigeants pour le pouvoir éternel entraîne des conséquences désastreuses. Vous êtes venu de manière illégale et illégitime au pouvoir, il faut éviter d’en sortir par “la petite porte de l’histoire”.
Si vous avez la chance d’exercer sept ans, une fois renouvelables, soyez reconnaissant et laissez d’autres poursuivre le travail. Nous avons vu des dirigeants au pouvoir pendant plus de quinze ans, et pourtant, le pays reste chaotique. Le désir de pérenniser son pouvoir est un piège. Personne n’est indispensable au développement du Gabon. Même dans les pays dits développés, les citoyens critiquent constamment la gestion de leurs dirigeants. Il n’est donc pas judicieux d’augmenter le nombre de mandats.

Aujourd’hui, nous avons vu des leaders réaliser des bilans impressionnants en moins de six mois. Si, après avoir été élu par le peuple, vous choisissez de dilapider votre mandat en tolérant la corruption, en détournant des fonds et en dorlotant les députés pour rester au pouvoir, sachez que vous passez à côté de l’essentiel. Votre héritage sera désastreux et votre histoire archivée. Rappelez-vous de la promesse faite au peuple : celle d’un avenir radieux et non d’un climat de violence. L’obsession du pouvoir éternel mène souvent à des tragédies.

Ne suivez pas les conseils de vos amis. Je me souviens d’un moment où la majorité présidentielle voulait conditionner le vote des gabonais-es par un bulletin unique. Il y a eu le coup d’Etat. Aujourd’hui, l’organisation des élections est aux mains du ministère de l’intérieur qui, lui est juge et partie.
N’oubliez pas les habitudes de l’opposition, la societé civile et les activistes. Il est connu que, dans certaines situations, ils cherchent à provoquer des troubles et des morts pour faire entendre leur voix à l’international. L’histoire nous enseigne que le fils de Salomon, en refusant d’écouter les sages, a divisé le pays (2 Chr 10: 1-19).

Interrogeons toujours l’histoire avant d’agir, car certaines conséquences sont irréversibles. Il est encore temps de réaliser les promesses. Si vous n’avez pas pu réaliser vos promesses, ce n’est pas un drame. D’autres le feront. Si, avant d’accéder au pouvoir, vous viviez modestement, pensez-vous vraiment que vous ne pourrez pas continuer à vivre avec ce que vous avez gagné aujourd’hui ?

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