Tribune: Ne nous oubliez pas !
Percy Djenno
Alors que la transition entamée au lendemain du coup de la libération du 30 août 2023 s’achève, avec la disparition progressive des derniers organes de transition, une voix s’élève : celle de la jeunesse gabonaise.
Messieurs et dames, ne nous oubliez pas.
Ne laissez pas s’éteindre l’espoir qui est né ce jour-là, lorsque tout un peuple a cru en la promesse d’un renouveau.
Ce renouveau, nous voulons qu’il ait un visage : celui de la jeunesse !
Prête à répondre à son rendez-vous avec l’Histoire, la jeunesse gabonaise ne veut plus se contenter d’être une jeunesse de constatation, spectatrice des mutations politiques et sociales. Elle se veut désormais une force de proposition et d’action, décidée à contribuer pleinement à la refondation de notre pays.
C’est pourquoi il est temps de lui offrir un lieu qui lui ressemble et qui la rassemble, un espace d’expression, de créativité et de participation. L’ancien bâtiment de la COBAC à Libreville pourrait, à ce titre, être réhabilité pour devenir le siège du Conseil National de la Jeunesse du Gabon (CNJG). Ce lieu emblématique abriterait une médiathèque moderne, une salle de spectacle et de conférence, ainsi qu’un centre de dialogue intergénérationnel, symbolisant la place centrale de la jeunesse dans la construction du Gabon nouveau.
Mais pour que ce rêve prenne corps, il faut aller plus loin. Le CNJG doit être institutionnalisé par la loi, afin de lui donner une légitimité durable, des moyens d’action réels et un rôle consultatif reconnu auprès des pouvoirs publics. La jeunesse ne doit plus être écoutée par convenance, mais entendue par conviction.
De plus, le développement de la jeunesse ne saurait se limiter à Libreville. Chaque capitale provinciale devrait abriter une “Maison de la Jeunesse”, lieu d’encadrement, de formation, de loisirs éducatifs et d’épanouissement citoyen. Ces maisons deviendraient de véritables pôles régionaux d’innovation et de mobilisation, portés conjointement par l’État et les collectivités locales, pour garantir à chaque jeune Gabonais un accès équitable aux opportunités.
Par ailleurs, la mise en place d’un cadre juridique clair s’impose. L’adoption d’une loi portant sur la Politique Nationale de la Jeunesse constituerait un engagement solennel de la Nation envers sa jeunesse. Elle permettrait de définir les orientations stratégiques, les droits et devoirs des institutions, ainsi qu’un mécanisme de suivi et d’évaluation pour assurer la cohérence et la durabilité des politiques publiques.
Enfin, dans un contexte où les programmes d’aide à l’entrepreneuriat se multiplient sans coordination, il devient urgent de mutualiser les efforts gouvernementaux. La création d’un Haut-Commissariat à l’Entrepreneuriat des Jeunes permettrait de centraliser les dispositifs existants, de renforcer la visibilité des initiatives, et surtout, de garantir une gestion plus efficace et équitable des opportunités économiques offertes aux jeunes sur l’ensemble du territoire.
La jeunesse n’a pas besoin de discours, mais d’actes.
Elle ne veut plus être spectatrice du changement, mais le moteur du renouveau national.
Alors, à l’heure où s’écrit une nouvelle page de notre histoire, souvenez-vous de nous,
ne nous oubliez pas !



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