Par Stive Roméo Makanga
1970-2021: voilà 51 ans que l’Université nationale du Gabon, ou plus exactement aujourd’hui l’Université Omar Bongo (UOB) a été bâtie, avec cette perspective spécifique de devenir une institution de référence en matière de formation et de recherche.
Une volonté fort malheureusement asphyxiée par la résurgence de faits, devenus symptomatiques d’une gestion profondément parasitée par le politique.
Mais les pesanteurs de la première université du pays ne datent pas d’aujourd’hui.
Longtemps considérée (sous Omar Bongo Ondimba) comme la tanière de l’opposition, avec la naissance du Mouvement de rénovation nationale (Morena), dont les membres étaient des étudiants jugés proches de Jean-Hilaire Aubame, l’Université Omar Bongo a dès lors vécu au rythme endiablé de répressions multiformes, empêchant de façon systématique la tenue d’années académiques convenables.
Et, face à des étudiants manifestant pour la fin du régime du parti unique, la création d’autres partis politiques et le départ sans condition d’Omar Bongo Ondimba, le “pouvoir” a souvent été sans pitié, y compris avec de nombreux enseignants, arrêtés aux heures de cours parce que soupçonnés de subversion.
Aujourd’hui encore, dans un établissement qui compte 34000 étudiants et approximativement 500 enseignants, les stigmates du passé sont encore perceptibles, les pesanteurs subsistent toujours: Grèves à répétition, insécurité grandissante, absence d’une bibliothèque fournie, matériel didactique obsolète… l’UOB a toujours végèté sous l’incompréhensible indifférence du gouvernement.
À dessein, le président défunt, qui a cumulé 42 ans de règne sans partage au sommet de l’État, s’est refusé toute idée d’investissement, de restructuration et de dynamisation de l’institution qu’il a pourtant baptisé de son patronyme.
Au moment où elle célèbre son cinquantenaire, on ne peut pas prétendre qu’elle ait réussi une moindre prouesse.
Les absences cumulatives d’une formation initiale et continue interdisciplinaire de référence; d’une recherche d’envergure internationale et d’une politique scientifique innovante posent toujours problème.
L’insertion professionnelle des étudiants, quant à elle, constitue toujours à plus d’un égard, une préoccupation permanente.
Le bilan est consternant. En 2021, l’Université Omar Bongo a tout échoué, là où le sursaut patriotique et le devoir de projection pour les générations futures auraient imposé la lucidité.