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Hervé Omva : “Je ne me suis pas invité dans l’agriculture de façon hasardeuse, c’est spirituel”

Par Kongossanews

Par la Rédaction

Hervé Omva est une figure engagée du secteur agricole au Gabon et le dire serait une lapalissade.  Dans une interview exclusive accordée dans son « Village Graine de Bolokoboué », le leader d’IDRC Africa affirme que son implication dans ce domaine n’est pas le fruit du hasard, mais plutôt celui d’une conviction spirituelle. “Je ne me suis pas invité dans l’agriculture de façon hasardeuse. C’est spirituel”, estime-t-il.

Et : « Je passe 90% de mon temps sur le terrain avec des jeunes gabonais, pas pour faire du bling bling, de la politique politicienne ou chercher une nomination. Mais parce que je suis convaincu que nous pouvons produire made in Gabon. Nous pouvons sortir le Gabon de la pauvreté. Depuis l’arrivée du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) et la prestation de serment du général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, il faut que nous arrivions à changer d’habitudes, après avoir maintenu les gabonais dans la pauvreté pendant très longtemps ».

Critique des projets agricoles passés

Revenant sur le tollé médiatique inhérent au projet de fermes agricoles dont l’une a été visitée par Raymond Ndong Sima, le premier ministre, Hervé Omva n’a pas mâché ses mots pour critiquer les précédents projets agricoles menés au Gabon, qu’il juge peu sérieux et inefficaces. « Les fermes dont on parle, ce n’est pas un fait nouveau. Il y a quelques années, j’ai été menacé après une interview publiée chez vos confrères de Gabon Review, pour avoir critiqué ce projet que je ne trouvais pas sérieux. Pourquoi ? Et bien parce que c’étaient encore des milliards de plus que l’on devait investir dans le secteur agricole, et qui malheureusement ne donne rien du tout. Je pense que nous gagnerons à investir sur l’être humain, au lieu de le faire dans des grands projets et qui à la fin sont détournés. Pour revenir concrètement sur les fermes agricoles, de quoi s’agit-il ? En 2010, l’actuel premier ministre était ministre de l’Agriculture. C’est lui qui avait conduit le projet sur les six fermes agricoles qui devaient être construites par un opérateur économique étranger » a-t-il explicité.

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Avant de préciser : « En 2013, Ali Bongo Ondimba, l’ancien président de la République va visiter l’une de ces fermes, notamment celle de Ntoum, que je connais parfaitement. Le Groupe Israélien qui avait travaillé dessus, j’avais déjà travaillé avec eux sur un autre projet. J’ai été choqué de découvrir cette ferme en 2019 dans un état de dégradation avancé. Elle n’avait jamais été fonctionnel, les moulins, les installations piscicoles qui étaient à l’intérieur, les porcheries et tout le reste. Rien n’avait jamais fonctionné. J’ai accompagné la SOTRADER GRAINE, en tant que conseil, dans la valorisation de cet espace. Mais la SOTRADER GRAINE n’a pas fait fonctionner les moulins. Par contre ils ont construit un abattoir à poulets moderne, qui est d’ailleurs le seul qui existe au Gabon. Aujourd’hui, le ministre visite cette ferme, qui représente 100 hectares. C’est bien. Le ministère de l’agriculture a l’un des plus puissants foncier, il faudrait que le premier ministre visite l’ensemble du foncier avant de décider de quoique ce soit. On ne va pas vite en besogne ».

Appel à valoriser les compétences gabonaises

Dans son entendement, Hervé Omva estime qu’il serait plus judicieux de s’appuyer sur les compétences des Gabonais déjà actifs dans le secteur avicole, plutôt que de faire appel à des experts étrangers. « J’ai vu récemment la présentation d’une signature avec des brésiliens sur le lancement des formations dans la filière poulets. Ma question est la suivante : avons-nous besoin d’aller au Brésil pour avoir des experts pour former les gabonais ? Il y a des gabonais qui font du poulet ici, à l’instar du Docteur Wenceslas Mamboundou et bien d’autres qui travaillent là-dessus et élèvent le poulet ici depuis des années. Vous avez des gabonais qui font dans l’élevage des poules pondeuses. Il aurait été intéressant de réunir ces gabonais-là autour d’une table et leur présenter les enjeux. Le Gabon importe en moyenne 120 milliards de poulets de découpe par an. Le marché de l’œuf représente dans les 24 milliards par an. Il aurait été plus judicieux de leur poser des questions sur la façon dont l’Etat pourrait se prendre pour revitaliser ce marché. Comment ce marché peut être source d’emplois face au chômage que nous vivons. Comment la filière avicole peut-elle être un moyen de diversification de notre économie ? C’est ce travail préalable qui aurait dû être fait, et les gabonais auraient donné leurs pistes de solutions, qui auraient été soumises au gouvernement et ce dernier, via des institutions telles que la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC), devaient procéder au renforcement des capacités économiques de ces gabonais pour en faire des champions. Le Gabon doit être capable de créer ses milliardaires » a-t-il plaidé.

Satisfait du Dialogue national inclusif

Bien qu’il n’ait pas été sollicité parmi les panélistes, Hervé Omva s’est dit satisfait du Dialogue national inclusif récemment achevé au Gabon.

« Tout le monde ne pouvait pas participer au Dialogue national inclusif. Et je pense qu’il y a eu des gabonais brillants, qui sont arrivés de toutes les provinces du Gabon pour produire un travail excellent (…) Dans la sous-commission agriculture et environnement nous étions valablement représentés. Le président de cette sous-commission était le vénérable Marc Ona Essangui, qui est mon ainé. Il ne faut pas oublier que depuis plus de 20 ans il se bat pour cette cause, c’est-à-dire le développement durable, l’environnement et notamment l’agriculture. Il connait parfaitement mes idées, pour avoir échangé avec lui depuis plusieurs années. Et Marc n’était pas seul. Il était accompagné du président Nicaise Moulombi, qui n’est plus à présenter. Que ce soit sur le plan régional, sous régional et international», a-t-il insisté.

Et : « Ce Dialogue était nouveau. Il était différent de ceux qui ont eu lieu il y a quelques années au Gabon, où depuis 1990 ce sont les mêmes qui se réunissaient, entre copains et coquins, arrangeaient leurs affaires, se réglaient des comptes et se partageaient le gâteau »

Par ailleurs, Hervé Omva a manifesté son indignation, quant au vol du matériel de travail d’un journaliste, après que ce dernier ait publié des analyses incendiaires sur les raisons de la fermeture de la ferme agricole visitée par Raymond Ndong Sima, le premier ministre. Un acte qu’il considère comme bas et loin de ce que le CTRI souhaite construire aujourd’hui dans la nation, après des années de musellement.

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