Bwitiste, chrétien, musulman… : Brice Clotaire Oligui Nguema, syncrétiste impénitent
Par Stive Roméo Makanga
Ce mardi 3 mars, le président de la Transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, a une nouvelle fois démontré son aptitude à incarner l’unité nationale en participant à la rupture du jeûne à la mosquée Hassan II de Libreville. Cet événement, marqué par un geste fort de solidarité envers la communauté musulmane, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à rassembler les Gabonais autour des valeurs de cohésion sociale et de vivre-ensemble. Une démarche qui rappelle celle de son prédécesseur, Omar Bongo Ondimba, maître dans l’art de fédérer les différentes communautés religieuses du pays.
Accompagné de fidèles, de diplomates et de représentants du monde arabe, Brice Clotaire Oligui Nguema a partagé un repas traditionnel de rupture du jeûne, tout en respectant les pratiques islamiques. La consommation de dattes, symbole de cette période sacrée, a été suivie de la distribution de dons aux plus démunis, en soulignant l’importance du partage et de la solidarité durant le ramadan. Ce geste n’est pas anodin : il s’agit d’un message clair adressé à l’ensemble des Gabonais, quelle que soit leur confession religieuse.
Pour Abdou Razzaq Kabomgo, chef de la communauté musulmane du Gabon, cette présence présidentielle est « un signe fort de fraternité et d’unité nationale ». « En partageant avec nous ce repas, vous incarnez ces valeurs de solidarité et renforcez notre cohésion sociale en prônant un Gabon uni et solidaire », a-t-il déclaré. Ces mots résument parfaitement l’objectif poursuivi par Oligui Nguema : se positionner comme un leader inclusif, capable de transcender les différences religieuses pour rassembler.
Qu’il s’agisse de participer à des cérémonies chrétiennes, de rendre hommage aux pratiques animistes ou, comme ici, de s’associer aux célébrations musulmanes, le président de la Transition affiche un syncrétisme assumé. Cette attitude n’est pas sans rappeler celle d’Omar Bongo Ondimba, qui avait su, durant son long règne, fédérer les populations gabonaises en se présentant comme un homme ouvert à toutes les croyances.
Cette stratégie, loin d’être anodine, répond à une réalité sociologique : le Gabon est un pays où cohabitent chrétiens, musulmans et adeptes des religions traditionnelles. En s’adressant à chacune de ces communautés, Oligui Nguema cherche à plaire au plus grand nombre, tout en renforçant son image d’homme d’État soucieux de l’unité nationale. Une unité qui passe, selon lui, par la reconnaissance et le respect des diversités culturelles et religieuses.
Si ces gestes peuvent être perçus comme sincères, ils s’inscrivent également dans une logique politique bien rodée. En s’affichant aux côtés des musulmans lors de la rupture du jeûne, Oligui Nguema envoie un message clair à la communauté internationale : le Gabon est un pays où la diversité religieuse est respectée et valorisée. Une image essentielle pour un pays en quête de stabilité et de reconnaissance sur la scène internationale.
Par ailleurs, cette démarche permet au président de la Transition de se positionner comme l’héritier spirituel d’Omar Bongo Ondimba, dont le règne a été marqué par une gestion habile des équilibres religieux. En reprenant à son compte cette stratégie, Oligui Nguema cherche à consolider sa légitimité tout en s’assurant le soutien des différentes communautés religieuses.
Alors que le ramadan se poursuit jusqu’au 30 mars, ce geste symbolique de Brice Clotaire Oligui Nguema rappelle aux Gabonais l’importance de l’unité et de la solidarité en ces temps de défis partagés. Dans un contexte de transition politique, marqué par des attentes fortes de la population, le président de la Transition semble avoir compris que l’unité nationale passe par la reconnaissance et la célébration des diversités.
En s’affirmant comme un syncrétiste impénitent, Brice Clotaire Oligui Nguema ne fait pas seulement un clin d’œil aux différentes communautés religieuses du Gabon. Il pose les bases d’une gouvernance inclusive, où chaque Gabonais, quelle que soit sa foi, peut se reconnaître. Une stratégie qui, si elle est bien menée, pourrait contribuer à renforcer la cohésion sociale et à consolider la paix dans un pays en quête de stabilité.



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