Grève à la Comilog : un risque majeur pour le Gabon
Par Stive Roméo Makanga
La Compagnie Minière de l’Ogooué (Comilog), pilier de l’économie gabonaise et filiale du géant français Eramet, est au bord de l’asphyxie. Depuis ce 6 mars, une grève illicite paralyse ses activités, plongeant le pays dans l’incertitude. Avec une contribution annuelle de près de 600 milliards de FCFA à l’économie nationale, toute perturbation prolongée de ses opérations pourrait avoir des répercussions dramatiques, non seulement pour l’entreprise, mais aussi pour les milliers de Gabonais qui dépendent directement ou indirectement de son dynamisme.
Selon le Code du travail gabonais, cette grève serait illicite, les procédures réglementaires n’ayant pas été respectées. Pourtant, les syndicats ont choisi la voie de la confrontation, malgré les appels répétés de la direction au dialogue. Une situation d’autant plus surprenante que les agents de la Comilog bénéficient de salaires largement supérieurs à la moyenne nationale, comme le confirme une récente étude du cabinet Mercer (2024). Alors, faut-il y voir une lutte légitime pour de meilleures conditions de travail ou une prise en otage de l’entreprise par des syndicats peu soucieux des conséquences économiques ? La question reste entière.
La Comilog n’est pas qu’une entreprise : c’est un écosystème. Ses activités soutiennent des secteurs entiers, de la logistique aux services, en passant par les PME locales. Une grève prolongée risquerait de mettre à mal cette chaîne de valeur, avec des répercussions sociales potentiellement dévastatrices. Le Gabon, déjà fragilisé par un contexte politique tendu, ne peut se permettre un tel choc.
Dans un communiqué, la direction de la Comilog a réaffirmé son engagement à préserver un climat social serein et à trouver une issue concertée à ce conflit. « Nous appelons nos partenaires sociaux à faire preuve de responsabilité et à privilégier le dialogue », a-t-elle déclaré, tout en insistant sur la nécessité de protéger les intérêts des employés, de l’entreprise et du pays tout entier.
Alors que les négociations se poursuivent, une question demeure : cette grève est-elle réellement justifiée dans un contexte où l’entreprise joue un rôle aussi crucial pour l’économie gabonaise ? La Comilog, de son côté, reste convaincue qu’une solution est possible. Mais le temps presse, et chaque jour de grève creuse un peu plus le fossé entre les parties prenantes. Dans un pays où les défis économiques et sociaux s’accumulent, la Comilog se trouve à un carrefour. Sa capacité à surmonter cette crise déterminera non seulement son avenir, mais aussi celui du Gabon. Une chose est sûre : le pays ne peut se permettre de perdre l’un de ses principaux moteurs économiques.
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