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Discours à la nation: Ali Bongo aurait pu être respectueux des enseignants et des personnels des régies financières

Par Kongossanews

Par Stive Roméo Makanga

Le président de la République a présenté ses vœux aux Gabonais, au soir du 31 décembre. 26 pages au total, vides, inconsistantes et profondément décevantes. 

Pour la douzième année consécutive, Ali Bongo Ondimba a présenté ses vœux aux gabonais, dans un climat social profondément délétère et une déliquescence incroyable de l’activité économique. Le Gabon, pourtant promis à un avenir radieux, s’est effondré comme jamais. Nonobstant les incessantes promesses d’Ali Bongo Ondimba, les réformes et autres plans de relance initiés par le gouvernement, plus personne n’y croit. 

Rien de plus normal, tout s’est soldé par des échecs. De “L’avenir en confiance” à “Gabon émergent à l’horizon 2025”, tout n’a été visiblement que fumisterie et poudre aux yeux. Le pessimisme ambiant est de fait, on ne peut plus logique. 

Dans son allocution, le chef de l’État s’est longuement répandu sur la pandémie actuelle. “La pandémie de la Covid-19 a plongé notre monde dans un long tunnel. Depuis bientôt deux ans, nos vies, nos habitudes et notre vivre ensemble ont été bouleversés. L’économie a été perturbée. Les prix ont augmenté. Tous les pays ont été impactés, nos sociétés ont été déstructurées.” a-t-il développé. 

Pourtant, l’enlisement dans lequel gît désormais le pays est consécutif aux incompréhensibles mesures du gouvernement en matière de prévention, de riposte et de lutte contre la Covid-19. 

Dans la sous région, le Gabon est le seul pays à maintenir le couvre-feu, oubliant que ce dernier a littéralement éteint un pan important de notre économie. 

Depuis deux ans, Ali Bongo Ondimba a asséché les entreprises, sans en présenter le moindre plan de sauvetage. 

S’exprimant sur la précarisation actuelle des populations, du fait des mesures anticovid, le chef de l’État a été un brin insensible aux appels incessants des populations sur l’urgence de tout lever pour  reprendre, enfin, une vie normale :  “Je n’ignore rien des difficultés accrues que vous avez traversées et continuez de traverser. Je sais les contraintes que certaines mesures font peser sur vous, sur nous tous. Mais ces mesures, je les ai prises en âme et conscience pour vous protéger. Ne pas les prendre aurait été plus aisé. Mais cela aurait été irresponsable. Je suis un homme d’Etat”. Voici qui a le mérite d’être clair. 

Ali Bongo Ondimba n’a pas l’intention de soulager la souffrance des populations. Il souhaite les mener vers l’usure, les contraindre à accepter sa vision à lui, même si erronée et ou décriée.

Abordant les problématiques de l’Éducation, le chef de l’État a une fois de plus (et peut-être une fois de trop), fuit ses responsabilités propres. ” En cette période difficile, où nous devrions toutes et tous faire preuve de solidarité, certains ont cru bon de déclencher des mouvements de grève. C’est le cas notamment dans l’Éducation nationale. Nos élèves, déjà lourdement éprouvés et pénalisés par l’épidémie de la Covid-19, qui ont vu leurs cours suspendus, leurs examens reportés, qui s’inquiètent légitimement pour leur avenir, ces élèves n’ont-ils pas assez souffert ?” et “Prendre en otage les enfants de ce pays ; nos enfants, nos progénitures, hypothéquer leur futur au nom de je-ne-sais-quel intérêt, c’est véritablement irresponsable et condamnable”. Ali Bongo Ondimba a-t-il réellement réfléchi au sens politique de telles assertions? Visiblement non? 

Le chef de l’État ignore-t-il à ce point que les revendications des enseignants sont pour l’équité, la justice et le respect de la dignité de ces femmes et hommes qui ont fait de ce métier un sacerdoce, prenant tous les risques, souvent dans des environnements hostiles à travers le pays? 

Ali Bongo Ondimba sait-il que les enseignants exercent leur devoir envers la nation, souvent sans reconnaissance de l’État ? 

Juger ainsi le personnel enseignant d’irresponsable, de même que celui des régies financières est, sans conteste, la pire des bourdes que le président gabonais aura commise en cette fin d’année.

Discours fleuve (26 pages), inapproprié, irréaliste et quelque peu incendiaire, à quelques mois seulement de la présidentielle, Ali Bongo Ondimba a manqué une occasion de consoler les gabonais, durement éprouvés depuis deux ans déjà. 

Ses dénégations et circonvolutions devraient logiquement entraîner son désaveu le plus farouche à la tête du pays.

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