Par Stive Roméo Makanga
Alors que le dernier rapport de Reporters Sans Frontières (RSF) positionne le Gabon à la 56e place, sur 180 pays en 2024, cet historique bond pourrait être gravement compromis dans la prochaine production, au regard de l’agression sauvage dont un journaliste de Média Afrique News a été victime par les éléments de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI), de la Police nationale gabonaise, vendredi 10 mai courant.
En effet, selon nos confrères du média panafricain, les faits se seraient produits au cours d’un reportage à Angondjé, dans la commune d’Akanda. Des éléments de la BRI à bord d’un véhicule immatriculé HX-527-AA ont alors fait irruption à quelques encablure. Ces derniers, semble-t-il dans une mission de terrain, auraient procédé à l’interpellation de ressortissants étrangers.
Dans la foulée, nos confrères, de passage à cet endroit au moment de l’opération, auraient aussi été interpellés et invités à présenter un certain nombre de documents.
Face aux injonctions des policiers, les journalistes demanderont aussi à avoir la preuve qu’ils avaient bien en face d’eux de vrais policiers, et qu’on était bien loin des scénarios Nollywoodiens. Chose étrange, les policiers auraient eux aussi refusé de présenter leurs cartes professionnelles, préférant proférer des invectives.
Ce qui, manifestement, constituera un prélude à la colère. Alors qu’ils se rangent sur le bas-côté de la route principale, et que l’un de nos confrères se saisit de son téléphone portable pour effectuer une transaction mobile, il est tout de suite surpris par un flot de coups de poings sur la poitrine.
L’un des agents, qui pense avoir été filmé en plein exercice de ses fonctions, exige de voir le contenu du téléphone. Ce à quoi notre confrère s’opposera, exigeant de voir les documents prouvant que son interlocuteur était bel et bien un agent de la BRI.
Ce sera le début d’une vive altercation entre nos confrères et les supposés agents de la BRI. Dans la foulée, l’un des journalistes sera roué de coups, puis soulevé de force, menotté, avant d’être jeté comme une bête sauvage dans le véhicule des hommes en tenues. “Ils m’ont fait rentrer de force dans le véhicule et j’en suis sorti. Ils m’ont brutalisé, roué de coups. Je suis blessé à la lèvre, ils m’ont étranglé et j’ai très mal à la gorge”, témoigne notre confrère.
Conduit de force au poste du Cap Esterias, le journaliste roué de coups présentera son téléphone sous la contrainte. Après vérification du contenu, il se trouve qu’aucune image des agents de la BRI en intervention n’avait été prise. Et que toute cette brutalité n’avait eu que la paranoïa pour point de départ.
Après cette intrusion dans le téléphone portable, les policiers refuseront de restituer l’appareil au journaliste, et continueront de le rouer de coups.
“Même si tu dis que tu es journaliste, tu vas montrer que tu es journaliste parce que vous les journalistes on vous connaît “
Des paroles qui sonnent comme une déclaration de guerre, et qui ont donné lieu à une déferlante de brutalité sur notre confrère.
Loin d’être anodine, cette agression brutale inquiète, autant qu’elle soulève des préoccupations majeures quant au respect des droits de la presse et à l’usage de la force par les autorités. Entre absence de transparence et non-respect des procédures policières, les journalistes seraient-ils devenus les têtes de turc des agents de force de l’ordre? Comment qualifier cet abus de pouvoir et cette violence injustifiée sur les hommes de médias?
Cette violation des libertés fondamentales remet au goût du jour la question relative à l’importance de garantir la sécurité des professionnels des médias et de promouvoir la liberté d’expression pour préserver l’intégrité démocratique du pays. Les agents de la BRI auteurs de ce déferlement de passion sauvage méritent des sanctions. Nous y reviendrons.