Crise énergétique à Libreville : la Guinée équatoriale vole au secours du Gabon
Par Joseph Moundruma
Face aux délestages récurrents qui plongent le Grand Libreville dans le noir, la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) a dû faire appel à des renforts inattendus : une équipe de techniciens spécialisés dépêchés par la Guinée équatoriale voisine, apprend-on de nos confrères de Direct infos Gabon (DIG). Depuis lundi, ces experts s’activeraient pour réparer le câble haute tension de 90 kV reliant la centrale Karpowership au réseau de distribution, endommagé depuis plusieurs jours.
Aussi, l’intervention des techniciens équato-guinéens met en exergue les lacunes criantes du secteur énergétique gabonais. Faute de personnel suffisamment formé et d’équipements adaptés, la SEEG se seraient donc trouvée dans l’incapacité de résoudre seule cette panne majeure. Pourtant, cette dépendance n’est pas une première : depuis plusieurs mois, la Guinée équatoriale, excédentaire en production électrique, alimente déjà les villes gabonaises de Bitam, Oyem et Médouneu à partir de ses centrales de Mongomo, Acurenam et Ebebiyin.
Une solution d’urgence… mais pas de stratégie à long terme
Si l’arrivée des techniciens étrangers devrait permettre un rétablissement rapide du courant, cette crise soulève des questions plus profondes. Le réseau gabonais, vieillissant et mal entretenu, souffre d’un manque chronique d’investissements. Les délestages fréquents pénalisent les ménages, les entreprises et le développement économique du pays.
Pour de nombreux observateurs, une refonte complète du secteur s’impose :
– Modernisation des infrastructures : remplacer les équipements obsolètes et sécuriser les lignes haute tension.
– Formation des techniciens gabonais : réduire la dépendance aux compétences étrangères.
– Diversification du mix énergétique : moins dépendre des centrales flottantes comme Karpowership.
– Gouvernance renforcée : améliorer la gestion et la maintenance préventive du réseau.
Vers une coopération régionale accrue ?
Cette crise pourrait aussi servir de catalyseur pour une meilleure intégration énergétique en Afrique centrale. La Guinée équatoriale, qui dispose d’un surplus de production, pourrait devenir un partenaire clé pour sécuriser l’approvisionnement du Gabon, à condition que Libreville investisse enfin dans la résilience de son propre réseau.
En attendant, les Librevillois espèrent que cette réparation marquera la fin des coupures intempestives. Mais sans une réforme en profondeur, le pays risque de continuer à dépendre de ses voisins… ou à vivre au rythme des délestages.
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