[Éditorial ]Second tour des législatives : pourquoi le PDG doit être banni de la course
Par Stive Roméo Makanga
Il est des moments où le devoir de lucidité prime sur les réflexes partisans. À l’heure où le pays s’apprête à vivre le second tour des élections législatives, prévu pour le 11 octobre, une question s’impose avec une urgence civique : le Parti Démocratique Gabonais (PDG), ou du moins ce qu’il en reste, a-t-il encore la légitimité morale et juridique de figurer sur les listes électorales ? La réponse, si l’on veut être honnête, est non.
Ce refus n’a rien d’un règlement de comptes. Il découle d’une réalité indéniable : le PDG, jadis colonne vertébrale du pouvoir, n’existe plus en tant que formation unie, structurée et légalement cohérente. Deux factions se disputent aujourd’hui son héritage, chacune se réclamant du sigle, du logo, des couleurs et même du discours d’un parti qui n’est plus qu’une ombre de lui-même. Et c’est là que le bât blesse.
Comment, dans un processus électoral censé garantir la transparence et la clarté, tolérer que deux entités distinctes se présentent sous la même bannière ? Comment, surtout, demander à un électeur ordinaire de distinguer ce qui relève de la « légitimité » d’un PDG contre ce qui n’en serait qu’une imitation ? La confusion est totale, et la confusion en démocratie est un poison.
Le pluralisme politique repose sur la distinction. On ne vote pas seulement pour un nom, mais pour une ligne, une cohérence, une vision. Or, dans l’état actuel des choses, le PDG ne propose plus rien d’identifiable : il se débat dans ses querelles intestines, ses luttes de leadership, ses fidélités croisées entre nostalgie du passé et opportunisme d’avenir. Laisser concourir des candidats qui se réclament d’un parti morcelé, c’est trahir le principe même du suffrage universel, qui exige que chaque bulletin soit l’expression d’un choix clair.
Ce constat n’est pas anecdotique. Il touche au cœur de la loi. Le texte qui encadre la vie des partis politiques au Gabon est limpide : une formation issue d’une scission ne peut revendiquer les symboles, la dénomination ou l’identité visuelle de l’organisation d’origine. À ce titre, toutes les candidatures « estampillées PDG » se situent, objectivement, dans une zone d’illégalité politique.
Et si la loi doit encore servir à quelque chose dans ce pays, elle doit servir à protéger la clarté du vote. Sinon, à quoi bon s’en prévaloir ?
L’affaire dépasse le cadre juridique. Elle révèle l’épuisement moral d’une machine politique qui, après avoir régné sans partage, se débat dans le discrédit et la désunion. Le PDG, naguère force de stabilité (du moins en apparence), incarne aujourd’hui le symbole d’une ère révolue. Il est devenu un fardeau pour notre microcosme politique, un vestige encombrant du système que le pays tente, tant bien que mal, de dépasser.
Laisser ses candidats se maintenir au second tour reviendrait à prolonger artificiellement une influence politique délégitimée par l’histoire récente. Ce serait nier les aspirations de renouveau exprimées depuis le 30 août 2023, lorsque le peuple gabonais a réclamé, dans un même souffle, justice, transparence et rupture. Comment parler de rupture si les figures et les structures du passé continuent d’occuper le devant de la scène ?
L’exclusion des candidats PDG du second tour ne serait pas une sanction partisane ; ce serait un acte de cohérence démocratique. Elle consacrerait le principe selon lequel la compétition électorale n’a de sens que si elle repose sur des bases saines. Il ne s’agit pas d’effacer le PDG de la mémoire nationale, mais de reconnaître que, sous sa forme actuelle, il n’a plus ni la cohésion, ni la crédibilité nécessaires pour prétendre représenter les Gabonais. Avec une Angélique Ngoma, secrétaire général du PDG, et un Ali Akbar Onanga Y’Obegue, également secrétaire général du PDG, se tirant constamment dans les pattes, il est clair que les institutions compétentes se prononcent sur cette gabegie devenue tellement ridicule.
La démocratie gabonaise ne gagnera rien à entretenir les fantômes du passé. Elle gagnera tout à exiger la clarté, la vérité et la responsabilité. Le PDG, fracturé, contesté, juridiquement instable, doit donc rester à quai (c’est-à-dire hors de la course). C’est à ce prix que le second tour du 11 octobre pourra prétendre à une légitimité pleine et entière.
D’ailleurs, dans le canton Dikoka (au Sud du Gabon), de nombreux cadres ont lancé les hostilités en initiant une procédure d’invalidation de la candidature PDG de Privat Nzouba Nzouba. Et les éléments pour étayer cette perspective ont été on ne peut plus plausibles : ces cadres rappellent que la loi n°016/2025 du 27 juin 2025 relative aux partis politiques interdit à toute entité issue d’une scission d’utiliser les signes distinctifs d’un parti préexistant. En se présentant sous l’étiquette “PDG” avec ces attributs litigieux, Privat Nzouba Nzouba a enfreint cette disposition et s’est rendu coupable d’une violation directe de la loi.
Logiquement, sur l’ensemble du territoire national, les populations devraient pouvoir initier des actions en vue d’annulation des candidatures pédégistes.
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