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Et si Ossouka n’était que la tête de turc ?

Par Kongossanews



Par Stive Roméo Makanga

Depuis les suspensions et annulations consécutives des arrêtés N°559/PM et N°685/PM par la Cour constitutionnelle à l’issue des saisines du Copil citoyen, c’est toute la compétence de Rose Christiane Ossouka Raponda qui est de fait mise à rude épreuve.

La première ministre est, de façon presque consensuelle, présentée à l’opinion comme la plus grosse escroquerie que l’on ait eu au 2 décembre depuis l’effectivité de la fonction en 1957.

Pourtant, Rose Christiane Ossouka Raponda, économiste, diplômée de l’institut de l’Economie et des Finances (IEF), major de sa promotion, a eu une trajectoire sans parasites. Ses passages très remarqués à la mairie de Libreville (2014-2019), puis à la Défense nationale (2019-2020) et antérieurement au ministère du Budget (2012-2014) ont laissé des traces indélébiles.

D’ailleurs, sur cette question, les militaires en savent long. Les officiers victimes de paralysie, de brimades et de gèle de nominations peuvent témoigner de l’implication personnelle de l’ancienne ministre de la Défense, laquelle a permis à plus d’uns de retrouver de la dignité, et de voir s’exécuter leurs droits les plus primordiaux.

À la mairie de Libreville, institution administrative de haute importance et constamment sujette à des malversations financières et autres problèmes chroniques de gestion de déchets, Rose Christiane Ossouka Raponda en est sortie la tête fière. Ses anciens collaborateurs, preuves à l’appui, lui témoignent un savoir-faire incontestable, une probité morale sans équivoques.

QU’ARRIVE-T-IL DONC À OSSOUKA RAPONDA ?

En affirmant : “Si tu ne cherches pas quelque chose, c’est quelque chose qui te cherche”, le très célèbre proverbe bouddhiste ne pensait pas si bien décrire la réalité du microcosme politique gabonais.
Les ennuis de Rose Christiane Ossouka Raponda à la tête de la primature n’ont pas commencé aujourd’hui. Bien au contraire, ces derniers ont débuté dès sa nomination.

En la choisissant pour cette fonction prestigieuse, Ali Bongo Ondimba a non seulement fait table rase du concept de géopolitique, très en vogue sous Omar Bongo Ondimba, lequel avait tablé que seul un fang, natif de l’Estuaire, pouvait être premier ministre; et a aussi ouvert la voie sur cette réflexion que les magistères de l’actuel président gabonais étaient ceux du tout est possible, à la seule condition que la compétence fasse toujours et nécessairement la différence.

Ce qui a manifestement créé des appétits, suscité les stratégies les plus diaboliques au sein du Parti Démocratique Gabonais (PDG), véritable repère de loups, souvent prêts à se déchirer pour se hisser au firmament.

Le PDG, famille politique de Rose Christiane Ossouka Raponda, est sans conteste, la principale cheville ouvrière de tous les ennuis de l’actuelle première ministre. À Libreville, dans les salons feutrés, sa chute imminente est évoquée avec beaucoup d’intérêts, doublé d’excitation.

À l’État major de Louis, dans le 1er arrondissement de Libreville, à huis clos, des équipes s’organisent. Des noms, comme celui de Jean Marie Koumba Souvi, sont évoqués.

L’urgence de déboulonner Rose Christiane Ossouka Raponda s’impose désormais comme une nécessité absolue. La première ministre est taxée de ne pas “suivre”. Ses prédécesseurs avaient une gestion bien plus “réaliste” et représentative de la philosophie du partie de masse: engranger le plus possible l’argent public.

Mais c’était sans compter sur la probité morale d’Ossouka Raponda. Preuve en est de l’affaire d’une bagatelle somme d’argent qui lui avait été proposée par un des membres de son gouvernement, dénoncé par la cheffe de l’administration gabonaise avant que ce dernier ne soit entendu au B2.

Rose Christiane Ossouka Raponda souhaite donc à tout prix avoir les mains propres. De sources concordantes, elle refuserait de se compromettre, passer des accords occultes avec certaines entreprises, pour la perception de rétrocomissions, comme le faisaient les anciens locataires du 2 décembre.

Outre les mains blanches, la première ministre a aussi réaménagé son institution de fond en comble. Les toilettages opérés sous ses instructions ces mois derniers ont fini de convaincre de nombreux hauts cadres de cette administration de l’urgence de la faire limoger.

DÉCRETS CONTROVERSÉS

Si Rose Christiane Ossouka Raponda ne peut se soustraire de la production des arrêtés inhérents à la crise pandémique actuelle et de la controverse née de cet état de fait, il reste que ces émanations ne sont rien de plus que l’œuvre du chef de l’État. Chacun le sait fort bien et toute dénégation à ce sujet serait complètement absurde.

On ne le dira jamais assez, le rôle d’un premier ministre reste celui de conduire la politique du chef de l’État. Il en est, avec son gouvernement, celui qui en fait l’écho, le porte et le défend auprès des institutions républicaines.
De ce point de vue, il est donc incongrue de présenter Rose Christiane Ossouka Raponda comme une farce au sommet de la primature.

Elle ne décide de rien.

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