Gabon/gestion des marchés municipaux à Libreville : Vers une réforme transparente et concertée
Par Cadette Ondo Eyi
Le mardi 3 juin 2025, le délégué spécial en charge de la commune de Libreville, Adrien Nguema Mba, a tenu une réunion d’envergure avec les syndicats des commerçants du marché Mont-Bouët et d’autres marchés de la capitale. Cette rencontre, qui s’est déroulée dans l’enceinte de l’hôtel de ville, a permis d’aborder des problématiques cruciales touchant au quotidien des acteurs économiques de ces espaces marchands. Deux points essentiels étaient à l’ordre du jour : la taxe liée aux heures de fermeture des marchés et le prélèvement jugé abusif des timbres fiscaux.
En présence des agents de la direction chargée des affaires économiques, les échanges ont mis en lumière une série de dysfonctionnements ayant des incidences directes sur les revenus de la municipalité, ainsi que les conditions d’exercice des commerçants. Au premier rang de ces préoccupations figurait la taxe relative aux heures de fermeture, instituée par l’arrêté 052, jugée inéquitable et interprétée par les commerçants comme une sanction injustifiée.
Une vue des participants
Prenant la parole, Adrien Nguema Mba a questionné la légitimité juridique de certaines organisations syndicales et ONG se revendiquant porte-voix des commerçants. Il les a exhortés à se conformer aux lois nationales ainsi qu’aux conventions internationales en matière de représentation syndicale. Selon lui, la prolifération anarchique des syndicats nuit à une gestion cohérente et transparente du secteur, chacun opérant souvent selon ses propres règles.
Le délégué spécial a également soulevé la problématique de l’organisation interne des marchés. Il a pointé du doigt la pratique des prélèvements à la volée des taxes et le non respect des heures de fermeture.
Face à l’insécurité engendrée par l’ouverture prolongée des marchés, Adrien Nguema Mba s’est déclaré favorable à la fixation d’une heure de fermeture commune à l’ensemble des marchés de Libreville. Cette mesure, une fois entérinée en concertation avec les services municipaux et tenant compte des aspirations des commerçants, mettrait fin à l’usage controversé des tickets d’amende. Il a rappelé qu’il s’était lui-même opposé, en tant que secrétaire général adjoint, à la décision d’autoriser l’ouverture des marchés au-delà des heures légales à une certaine époque.
Concernant la question des timbres fiscaux, le délégué spécial a pris en compte les récriminations relatives au mode de prélèvement dans la zone de la friperie, notamment l’absence de timbre unique de 2000 francs CFA. En guise d’alternative, quatre timbres de 500 francs sont délivrés, ce qui, selon lui, ne constitue pas une illégalité. Toutefois, il a reconnu la nécessité d’un recadrage, en collaboration avec la direction générale des recettes, afin d’uniformiser les assiettes fiscales et mettre fin aux abus dans le recouvrement.
À l’issue de cette rencontre, les représentants syndicaux ont salué une première victoire : l’annulation pure et simple de la taxe sur les heures de fermeture. Un geste fort, qui traduit la volonté du nouveau délégué spécial d’instaurer un climat de confiance et de transparence dans la gouvernance municipale. Un espoir partagé par de nombreux commerçants, en quête de reconnaissance et de respect, dans un contexte économique difficile.
Ensuite, ils soulignent l’impératif d’un recensement exhaustif des commerçants pour établir une base de données fiable, préalable et indispensable à une gestion financière rigoureuse et à une répartition équitable des taxes. Toute fois, ils continuent de dénoncer les arrangements informels entre agents municipaux et commerçants, qui contribuent à entretenir un système opaque, source d’injustice et de mécontentement.
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