Justice/Paul Marie Gondjout : vous avez dit « Ministre incompétent » ?
Par Joseph Mundruma
Le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) hausse le ton. À l’issue d’une assemblée générale tenue le lundi 13 janvier 2025, cette organisation a exprimé son exaspération face à l’inaction des autorités de la transition, en particulier du ministre de la Justice, Paul-Marie Gondjout, dans la mise en œuvre des réformes visant à garantir l’indépendance de la justice et à améliorer les conditions de travail des magistrats. Lassé des promesses non tenues, le Synamag exige son départ immédiat et la signature des décrets portant application des textes régissant leur statut.
Depuis le 30 août 2023, date symbolisant un nouveau départ politique pour le Gabon, le Synamag avait choisi de suspendre son mouvement de grève le 29 septembre 2023, misant sur la bonne foi des autorités. Pourtant, plus d’un an après, les engagements pris restent lettre morte. « Ce sont le patriotisme et l’espoir d’un avenir meilleur qui nous avaient poussés à faire preuve de patience », a rappelé un représentant du syndicat.
Cependant, cette patience semble avoir atteint ses limites. Le syndicat dénonce un immobilisme incompréhensible dans la signature des décrets réglementaires pourtant essentiels à la bonne marche de la justice. Cette situation met en péril non seulement les conditions de travail des magistrats, mais aussi la confiance des citoyens en leur système judiciaire.
La question se pose désormais avec acuité : le Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, doit-il privilégier le maintien de Paul-Marie Gondjout ou répondre aux revendications des magistrats ? Pour le Synamag, le choix est clair. Le maintien de l’actuel ministre de la Justice est incompatible avec les réformes profondes nécessaires pour restaurer la dignité et l’indépendance du système judiciaire.
« Au regard de son inaptitude aux fonctions de membre du gouvernement et de ministre de la Justice en particulier, nous sollicitons son éviction pure et simple », a déclaré le porte-parole du syndicat. Cette prise de position traduit une crise de confiance grandissante entre le corps judiciaire et les autorités de la transition.
Le syndicat pointe également une gestion jugée incohérente des priorités. Alors que des projets coûteux sont régulièrement lancés, les revendications des magistrats, pourtant essentielles au fonctionnement de l’État de droit, restent ignorées. Cette situation interroge sur les véritables intentions du gouvernement en matière de justice et de réformes.
Pour le Synamag, le retour à une activité normale dans les tribunaux et cours dépend désormais de la finalisation du processus de signature des textes réglementaires liés au statut des magistrats. En l’absence de ces réformes, le syndicat prévient que la crise pourrait s’intensifier, au détriment du fonctionnement du système judiciaire et de la crédibilité des institutions de transition.
Dans un contexte marqué par des attentes élevées envers les autorités de la transition, cette revendication du Synamag met en exergue l’urgence de réformes structurelles pour garantir une justice indépendante et digne, véritable pilier d’une démocratie en construction. Le gouvernement est désormais placé face à ses responsabilités, avec l’avenir du système judiciaire en jeu.
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