Libertés bafouées ? L’Ordre des avocats alerte sur les violations des règles déontologiques
Par Joseph Moundruma
Dans un contexte judiciaire sous haute tension, le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Gabon, Maître Raymond Obame Sima, a pris la plume pour dénoncer ce qu’il qualifie de « violation flagrante » des règles encadrant la profession. Dans une lettre datée du 10 juillet et transmise à Afrique Actualité 241 et dont nous avons obtenu copie, le chef du Barreau est sorti de son silence face aux méthodes employées contre Maître Gisèle Eyue, avocate de la famille Bongo Valentin, ciblée par une procédure controversée.
Au cœur de l’affaire, une intervention musclée d’agents de la Direction générale des recherches (DGR) dans les locaux du cabinet de Maître Eyue. Selon le Bâtonnier, cette opération a eu lieu sans qu’il en ait été officiellement avisé, en contravention manifeste de l’article 68 de la loi régissant la profession d’avocat, qui garantit l’inviolabilité des cabinets. Prévenu par téléphone d’une descente du camp Roux, il a aussitôt saisi le Procureur de la République, ce qui a entraîné le retrait immédiat des agents.
La situation s’est pourtant envenimée. Dans les heures qui ont suivi, des gendarmes ont été repérés à proximité du véhicule de l’avocate, accentuant son sentiment d’insécurité. Redoutant pour sa sécurité, Maître Eyue aurait décidé de passer ses nuits dans son cabinet.
Le Bâtonnier rappelle dans sa missive que les avocats ne bénéficient certes pas d’immunité judiciaire, mais qu’en vertu de l’article 70, le chef de l’Ordre doit être systématiquement informé de toute enquête visant l’un de ses membres. Or, la première convocation adressée à Maître Eyue lui aurait été remise après l’heure même prévue pour son audition, avant qu’une seconde ne lui parvienne le lendemain — une confusion jugée regrettable par l’Ordre.
Appelant au calme et à la retenue, Raymond Obame Sima a réaffirmé le soutien du Barreau à sa consœur. Il a assuré qu’elle serait assistée d’un membre du Conseil de l’Ordre ainsi que de tout confrère volontaire, rappelant que « la défense est un pilier de l’État de droit ».
Entre pressions sécuritaires, respect des droits fondamentaux et enjeux déontologiques, cette affaire met en lumière la délicate articulation entre institutions judiciaires et avocats au Gabon. Elle ouvre un débat salutaire sur la protection des défenseurs de la justice dans un État de droit.
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