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PARLONS-EN…
Ils ont peut-être tué beaucoup trop tôt Brice Laccruche Alihanga (BLA)

Par Kongossanews

Par Stive Roméo Makanga

Le landernau politique gabonais est un univers cruel, en plus d’être profondément hypocrite. En accusant ses adversaires à la présidentielle de 2016 de faire de la “sorcellerie politique”, Bruno Ben Moubamba, l’ancien vice-premier ministre avait fait une juste constatation: Le Gabon, sous les magistères consécutifs d’Ali Bongo Ondimba, s’accommode mal les esprits brillants.

On ne les aimes pas, c’est ainsi. Dès qu’il y en a un qui s’élève, tous les médiocres et autres zozos de la République s’empressent littéralement de lui porter le coup fatal, sans penser à toutes les conséquences qui découleraient de cette volonté diabolique. Mais tant pis, puisque ce qui compte c’est l’élimination du “puissant”.

En 42 ans de règne, Omar Bongo Ondimba avait réussi, quelque peu, à fabriquer des hommes puissants et identifiables à travers tout le pays. Du nord au sud, d’est en ouest, dans les différentes localités, il y a eu des hommes et des femmes pour parler au nom du chef de l’État, de le représenter, de rendre explicite sa vision pour le pays et toute sa détermination à tenir ses promesses, quelques furent les embûches.


Ces référentiels ont existé et pesé dans le débat public comme jamais. Tous issus du Parti démocratique gabonais (PDG), ont été les artisans d’une ère aujourd’hui éclipsée par les nouveaux régents du Palais Rénovation, ou peut-être aussi, par Ali Bongo Ondimba lui-même.

En devenant directeur de cabinet du chef de l’État, en 2017, Brice Laccruche Alihanga, l’esprit sagace, a laissé poindre son génie.
Déjà, il y avait des signes précurseurs d’un leader de grand calibre.

Avec l’Association des jeunes émergents volontaires (Ajev), le jeune collaborateur du chef de l’État a fédéré à travers tout le pays.
Maîtrisant le verbe avec cette même aisance qu’il a pour les chiffres, BLA a même conquis les plus sceptiques. Il a réussi à redonner espoir aux populations, justifiant que le chef de l’État était profondément préoccupé par les urgences de développement du pays, mais qu’il avait simplement été distrait, parce que mal entouré. Et, l’éviction de Maixent Accrombessi apparaissait comme un argument d’autorité, lui qui avait déjà tiré le Gabon vers le bas, créant des agences tout azimut, détournant des budgets entiers, conduisant même le chef de l’État dans des conflits d’intérêts scandaleux. Le cas d’Ali Bongo Ondimba comme président du conseil d’administration (PCA) de l’ANGTT en est l’une des preuves les plus inouïe.

Mais, sous les instructions du chef de l’État, Brice Laccruche Alihanga a même fait l’autopsie de la Budgétisation par objectif des programmes (BOP), démontrant toute la supercherie qui s’y exécutait, que le président de la République avait été roulé dans la farine, et que ce système de gestion permettait plutôt de syphonner à souhait les finances publiques.

Un travail d’orfèvre, finiolé par BLA, avec tout le soin qu’on pouvait s’y attendre. Au bout du compte, la confiance d’Ali Bongo Ondimba n’en a été que renforcée. À juste titre.

RENOUVEAU

Alors que le commun croyait ce pays complètement ébranlé, Brice a fait la démonstration que le problème était plutôt dans la compétence, la moralité et la volonté des hommes au sommet de l’État. Rien de plus.

Sur le plan politique, Brice Laccruche Alihanga a aussi fait la démonstration qu’il était dans l’absolu comme son maître : une véritable “bête”. Sachant le PDG anachronique, invalide et désavoué par les populations, il a créé une nouvelle offre, plus digeste, avec de nouvelles figures qu’il souhaitait présenter dans leurs localités comme les nouveaux référents.

De fait, des formations telles Restauration des valeurs (RV),
et les Socio-démocrates gabonais (SDG), aujourd’hui mis à sac par la vague de fusion-absorption complètement absurdes, ont témoigné de la profondeur du grand stratège qu’il est.

BLA avait semble-t-il pour projet de restaurer la philosophie politique d’Omar Bongo Ondimba : fabriquer des hommes puissants, de nouveaux visages qui se consolideraient par le temps et par l’action répétée. Mais hélas.

LA CONFIRMATION

Très intéressant à considérer, le dernier rassemblement du stade de Nzeng-Ayong, dans le 6e arrondissement de Libreville, au terme de sa tournée provinciale comme “messager intime”.

Brice a “tué le game”, comme on dit dans l’expression populaire. Il a donné la preuve que pour 2023, il pouvait être cette voix dont Ali Bongo Ondimba pourrait aisément se servir pour parler à ses compatriotes.

Une campagne présidentielle est une affaire de terrain et d’homme. Jean Ping l’avait parfaitement intégré en 2016. C’est ce qui fit son succès.

Alexandre Barro Chambrier connaît lui aussi les résultats de cette exigence. D’ailleurs, le leader du RPM n’arrête plus de progresser, de poser ses jalons partout où les enjeux du scrutin présidentiel se joueront.

André Mba Obame, Pierre Mamboundou et une pléiade d’hommes politiques avant eux ont utilisé la même recette, récoltant chacun pour sa part les mêmes résultats.

À moins de 2 ans de la présidentielle, la machine sans Brice Laccruche Alihanga semble enrayée.

Qui sera le porte-voix du chef de l’État, probablement candidat à sa propre succession? Cette question à elle seule constitue une immense équation.


En “tuant” politiquement Brice Laccruche Alihanga, en le bannissant de tout, les actuels maîtres du palais Rénovation ont signé l’échec d’un projet d’ensemble…sans s’en rendre compte, par stupidité.

Il faut l’avouer, nul au PDG n’a le talent, la finesse, l’énergie et la subtilité de Brice Laccruche Alihanga. Sa délicatesse aurait fait de lui la pièce centrale d’un vaste ensemble.
Grâce à lui, Ali Bongo Ondimba aurait pu s’imposer…sans trop de contestations. Or, c’est ce qui, à l’évidence, semble couvrir l’horizon.

À la différence d’Omar Bongo Ondimba, le règne d’Ali Bongo Ondimba n’a pas aimé les esprits brillants. Ceux qui ont été aux pieds du successeur de Léon Mba se sont tous terrés, par crainte de représailles.

Aujourd’hui, les génies comme Blaise Louembé, Guy Bertrand Mapangou, Richard Auguste Onouviet, Yves Fernand Mamfoumbi, Alain Claude Bilie By Nzé et bien d’autres, ont préféré prendre du recul, observant à travers leur visière le déclin d’un système pour lequel ils ont investi de leur énergie, de leur sang.

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